Principes généraux
Selon le Code du Travail, tout chef d'établissement doit former son personnel à la sécurité incendie et rédiger un registre incendie tenu à la disposition de l'inspection du travail. En matière d'incendie, la réglementation vise essentiellement à assurer la protection des personnes. De plus, les assureurs préconisent des mesures propres à protéger les biens.
Les deux grands principes destinés à la protection des personnes
contre le risque « incendie » sont : leur évacuation hors des
bâtiments et leur isolement dans des zones résistant au feu.
Le premier texte auquel doivent se référer les chefs
d'établissements est le Code du travail. Les articles spécifiques
au risque «incendie» y sont peu nombreux : ils concernent
essentiellement l'évacuation des personnes et le désenfumage.
Les règles régissant la prévention du risque incendie tiennent
compte du nombre de personnes susceptibles d'être présentes dans
l'établissement.
Le code du travail stipule que le chef d'entreprise doit prévoir
des visites périodiques du matériel ainsi que des exercices (tous
les 6 mois).
De plus, si l'établissement industriel est également un
établissement recevant du public (ERP) ou un immeuble de grande
hauteur (IGH), bâtiments régis par des textes réglementaires
spécifiques, il appartient aux chefs d'établissements de retenir
des solutions lui permettant de respecter les textes auxquels il
est soumis.
L’affichage des consignes de sécurité concernant l'incendie est
obligatoire dans les établissements de plus de 5 personnes ou
ceux où sont manipulées des matières inflammables. Ces consignes
comportent la liste du matériel de secours et d'extinction, la
désignation du personnel chargé de prévenir les secours, les
moyens d'alerte et d'évacuation et obligent toute personne
apercevant un début d'incendie à donner l'alerte et mettre en
œuvre les moyens de premiers secours (articles R4227-37 à
R4227-41).
L'article R4227-39 précise que les consignes doivent prévoir des
essais et visites périodiques du matériel et des exercices
(réalisés tous les 6 mois).
D'après l'article L 231-3-1, tout chef d'établissement est tenu
de former le personnel qu'il embauche à la sécurité dans
l'entreprise. Sa responsabilité sera recherchée en cas d'accident
ou de sinistre.
Construction, travaux
Les articles R4121-1 à R4822-1 du Code du travail détaillent les
dispositions concernant la sécurité et la santé que doivent
observer les maîtres d'ouvrage lors de la construction
d'établissements industriels ou commerciaux ou lors de leurs
modifications, extensions ou transformations (Décret n°92-332 du
31 mars 1992 modifiant le code du travail et relatif aux
dispositions concernant la sécurité et la santé
que doivent observer les maîtres d'ouvrage lors de la
construction de lieux de travail ou lors de leurs modifications,
extensions ou transformations) .
Les locaux ou les emplacements dans lesquels sont entreposés ou
manipulés des substances ou préparations explosives, comburantes
ou extrêmement inflammables ne doivent contenir aucune source
d'ignition (foyer, flamme, appareil produisant des étincelles) ni
aucune surface susceptible de provoquer par sa température une
auto-inflammation des substances. La ventilation doit être
permanente et appropriée.
Extincteurs
« Le premier secours contre l'incendie est assuré par des
extincteurs en nombre suffisant et maintenus en bon état de
fonctionnement. Il existe au moins un extincteur portatif à eau
pulvérisée d'une capacité minimale de 6 litres pour 200 mètres
carrés de plancher. Il existe au moins un appareil par niveau.
Lorsque les locaux présentent des risques d'incendie
particuliers, notamment des risques électriques, ils sont dotés
d'extincteurs dont le nombre et le type sont appropriés aux
risques. » - Article R4227-29 du Code du travail
Le désenfumage des locaux est une obligation
règlementaire pprévue par les articles R4216-13 à R4216-16 du
Code du travail.
Un système de désenfumage doit permettre d'évacuer les fumées de
manière à assurer la praticabilité et la sûreté des cheminements
empruntés (en termes de visibilité, de température supportable,
d'abaissement de la teneur en gaz toxiques et de maintien d'un
taux d'oxygène suffisant) et doit empêcher la propagation des
fumées et des flammes dans d'autres locaux. Comme tout système de
sécurité, il est essentiel qu'il fonctionne au bon moment et à
bon escient. Par conséquent, et conformément à la réglementation
française, il est obligatoire de faire entretenir périodiquement
les installations de désenfumage par du personnel compétent.
L'entreprise à l'obligation d'installer un dispositif de
désenfumage naturel ou mécanique dans les locaux situés en
rez-de-chaussée et en étage de plus de 300 m2, les locaux
aveugles et ceux situés en sous-sol de plus de 100 m2 ainsi que
dans tous les escaliers.
Dans le cas d'un désenfumage naturel, la surface totale des
sections d'évacuation des fumées et d'amenée d'air doit être
supérieure au centième de la superficie du local desservi avec un
minimum de 1 m2.
Dans le cas de désenfumage mécanique, le débit d'extraction doit
être au moins égal à un mètre cube par seconde par 100 m2
Dégagements
Les articles R233-23 à R. 233-37 prévoient les dispositions à
prendre concernant les dégagements sur le lieu de travail. Le
nombre des issues de secours varie en fonction du nombre de
salariés. Si l'effectif est inférieur à vingt personnes, il
suffit de prévoir une issue (de 60 à 90 cm de large). Au-delà de
vingt salariés, il faut aménager d'autres sorties ou des moyens
d'évacuation complémentaires.
Dans tous les cas, les dégagements doivent permettre une
évacuation rapide et en toute sécurité des salariés de
l'entreprise.
Les portes utilisées pour l'évacuation de plus de 50 personnes
doivent s'ouvrir simplement et dans le sens de la sortie.
Réglementation des installations classées (protection de
l'environnement) :
Lorsque l'établissement remplit les conditions fixées pour être
installation classée pour la protection de l'environnement
(ICPE), il doit être conforme aux prescriptions de la loi n°
76-663 du 19 juillet 1976 et aux dispositions du décret n°
77-1133 du 21 septembre 1977 modifié. La plupart des
arrêtés-types pris en application de ce décret contiennent des
mesures de prévention contre l'incendie.
ERP et IGH
ERP : "Etablissement recevant du public". Sont
considérés comme ERP "tous bâtiments, locaux ou enceintes dans
lesquels des personnes sont admises soit librement, soit
moyennant une rétribution ou une participation quelconque, ou
dans lesquels sont tenues des réunions ouvertes à tout venant ou
sur invitations payantes ou non" (article R-123-2 du Code de la
Construction et de l'Habitation). Les locaux qui peuvent être
assimilés au domicile privé ou ceux réservés aux travailleurs ne
sont pas des ERP.
Les dispositions communes, que doivent respecter tous les ERP,
sont mentionnées dans l’arrêté du 25 juin 1980. Les dispositions
particulières à chaque type d’ERP sont mentionnées par des
arrêtés spécifiques. Les degrés de résistance au feu sont définis
dans les articles CO11 à CO15 de l'arrêté du 25 juin 1980 ; ils
varient entre ½ heure et 1 heure ½ (Tableau 2). Ils ne concernent
que les éléments de structure principaux, c'est-à-dire ceux dont
la ruine a une incidence sur la stabilité de la structure
porteuse
La conception des ERP doit respecter les principes suivants :
- limiter les risques d’incendie
- alerter les occupants lorsqu’un sinistre se déclare
- favoriser l’évacuation des personnes tout en évitant la panique
- alerter les services de secours et faciliter leur intervention
Les mesures de prévention contre les incendies concernent tous
les travaux (création, aménagement ou modification)
Caractérisation d’un ERP
Constituent des ERP tous les bâtiments, locaux et enceintes dans
lesquels des personnes sont admises, soit librement, soit
moyennant une rétribution ou une participation quelconque, ou
dans lesquels sont tenues des réunions ouvertes à tout venant ou
sur invitation, payantes ou non.
Cela regroupe donc un très grand nombre d’établissements, comme
les magasins et centres commerciaux, les cinémas, les théâtres,
les hôpitaux, les écoles et universités, les hôtels et
restaurants … que ce soient des structures fixes ou provisoires
(chapiteaux, tentes, structures gonflables ).
Protection contre les risques d’incendie et de panique
dans les ERP
L’obligation de protection contre l’incendie est très large dans
la mesure où elle s’impose à toutes les personnes (autres que les
salariés et le public reçu) ayant un lien avec l’établissement et
s’applique non seulement au moment de la construction, mais
également en cours d’exploitation de l’établissement.
Définition et application des règles de
sécurité
Les bâtiments ou les locaux où sont installés les ERP doivent
être construits de manière à permettre l’évacuation rapide de la
totalité des occupants. Ainsi, ils doivent avoir une ou plusieurs
façades en bordure de voies ou d’espaces libres permettant
l’évacuation du public, l’accès et la mise en service des moyens
de secours et de lutte contre l’incendie.
Par ailleurs, l’aménagement des locaux, les matériaux utilisés et
les équipements mis en place doivent respecter certaines
caractéristiques réglementaires.
Enfin, les ERP doivent être dotés de dispositifs d’alarme et
d’avertissement, d’un service de surveillance et de moyens de
secours contre l’incendie.
Cette obligation est adaptée en fonction de leur taille, leur
destination et appropriée aux risques.
Classement des établissements
Tous les ERP ne présentent pas les mêmes caractéristiques de
taille, de destination, d’usage et de risques. Ils sont donc
répartis en types selon la nature de leur exploitation, classés
en catégories d’après l’effectif du public et du personnel. Ils
sont soumis à des dispositions générales communes ainsi qu’à des
dispositions particulières qui leur sont propres issues du
Règlement de sécurité contre l’incendie et
relatif aux établissements recevant du public
La typologie de l’établissement, qui correspond à son activité, est désignée par une lettre (article GN 1 du règlement de sécurité incendie dans les ERP). Il existe 30 types d’établissements :
- Établissements installés dans un bâtiment
-
- J : Structures d’accueil pour personnes âgées ou personnes handicapées
- L : Salles d’auditions, de conférences, de réunions, de spectacles ou à usage multiple
- M : Magasins de vente, centres commerciaux
- N : Restaurants et débits de boissons
- O : Hôtels et pensions de famille
- P : Salles de danse et salles de jeux
- R : Établissements d’enseignement, colonies de vacances
- S : Bibliothèques, centres de documentation
- T : Salles d’exposition
- U : Établissements sanitaires
- V : Établissements de culte
- W : Administrations, banques, bureaux
- X : Établissements sportifs couverts
- Y : Musées
- Établissements spéciaux
-
- PA : Établissements de plein air
- CTS : Chapiteaux, tentes et structures itinérants ou à implantation prolongée ou fixes
- SG : Structures gonflables
- PS : Parcs de stationnement couverts
- OA : Hôtels-restaurants d’altitude
- GA : Gares accessibles au public
- EF : Établissements flottants ou bateaux stationnaires et bateaux
- REF : Refuges de montagne
Les ERP sont également répertoriés en 5 catégories, déterminées
en fonction de la capacité de l’établissement :
- 1ère catégorie : au-dessus de 1 500 personnes
- 2ème catégorie : de 701 à 1 500 personnes
- 3ème catégorie : de 301 à 700 personnes
- 4ème catégorie : 300 personnes et au-dessous, à l’exception des établissements de 5ème catégorie
- 5ème catégorie : établissements accueillant un nombre de personnes inférieur au seuil dépendant du type d’établissement
Pour l’application du règlement de sécurité, les ERP sont classés
en deux groupes :
- le premier comprend les établissements des 1re, 2e, 3e et 4e catégories ;
- le second ne concerne que les établissements de la 5e catégorie.
Pour les ERP du premier groupe, le nombre de personnes pris en
compte pour la détermination de la catégorie intègre à la fois le
public et le personnel n’occupant pas des locaux indépendants qui
posséderaient leurs propres dégagements. Pour les ERP de 5e
catégorie (petits établissements), il ne comprend que le public
(et pas le personnel).
L’arrêté du 21 novembre 2011 (JO 02/12/2011)
entré en vigueur le 1er janvier 2012 s’applique à toutes les
nouvelles demandes d’autorisations de construire, d’aménager ou
de modifier un ERP déposées à compter de cette date :
- - Demande d’autorisation de construire, d’aménager ou de modifier un établissement recevant du public (ERP)
- - Dossier spécifique permettant de vérifier la conformité des établissements recevant du public aux règles d’accessibilité et de sécurité contre l’incendie et la panique ».
IGH : "Immeuble de grande hauteur".
Les IGH regroupent tous les bâtiments dont "le plancher bas du
dernier niveau" est situé à plus de 50m du sol pour les immeubles
d'habitation, et à plus de 28 m pour les autres immeubles.À
partir de 200 mètres, l’immeuble entre dans la catégorie spéciale
des Immeubles de très grande hauteur (ITGH).
Ces édifices doivent respecter un ensemble de règles de
construction et d'équipement visant à limiter le plus possible la
propagation d'un feu d'un étage à l'autre (la durée minimum de
sécurité est fixée à deux heures), et à permettre l'évacuation
des occupants par des accès protégés, disposant de système
anti-fumées. Les IGH doivent satisfaire aux exigences de l’arrêté du 30 décembre 2011 portant règlement de
sécurité pour la construction des IGH et leur protection contre
les risques d’incendie et de panique.