Le terme lean - littéralement "maigre", "sans gras", "dégraissé", parfois traduit par "gestion sans gaspillage" ou par "gestion allégée" - est utilisé pour qualifier un système de production spécifique à Toyota, mis au point au Japon dans les années 70. Lean n'est pas l'appellation originale du modèle japonais, mais celle donnée par les chercheurs américains du MIT dans les années 80 et 90, en relecture occidentale du modèle japonais des années 70.
L’idée de départ repose sur le principe d’une organisation optimisée, qui aide les fournisseurs de Toyota à livrer des produits de qualité en juste-à-temps. Par extension, le terme lean recouvre aujourd’hui un ensemble large d’outils ou de démarches aux appellations telles que Kaisen, 6 Sigma, MTM, 5S, lean manufacturing, TPM, etc.
Le TPS (le Toyota Production
System)
Dans les années 1970 se développe dans les usines de la firme Toyota un nouveau système de production, sous le regard de Sakichi Toyoda, puis de son fils Kiichiro Toyoda et enfin de son neveu Eiji Toyoda. Cette dynastie industrielle est épaulée dans sa tâche par Taiichi Ohno, ingénieur de la firme. Le système repose sur des principes fondamentaux comme :
- La réduction des coûts,
- La réduction des gaspillages,
- Le maintien d’une qualité optimale,
- La suppression d’offre excédentaire, impliquant la production en flux tendus,
- La participation de chaque acteur de l’entreprise à son fonctionnement par le diagnostic des problèmes et leur résolution,
- L’amélioration continue.
Ce système est le résultat de 25 ans de recherches, menées afin de contrer la puissance étasunienne incarnée par le géant Ford. Si le premier travail a directement concerné la ligne de production elle-même, le second effort a été pour les japonais de développer une cellule de consultants internes pour intégrer dans un système de juste-à-temps les fournisseurs de Toyota. Ces principes sont les grandes lignes fondatrices du système de pensée lean.
Taiichi Ohno, l’inventeur du lean
L’incarnation du TPS se fait au travers de la figure de Taiichi
Ohno, ingénieur de la firme Toyota. Il établit les fondements de
la discipline de travail, qui deviendra le lean.
Il pense que les croyances erronées sont à l’origine des
gaspillages de toutes sortes, entraînant des surcoûts.
L’amélioration et la compétitivité passent alors par une remise
en questions de l’organisation de l’entreprise. Pour lui, il
existe un coût plus ou moins incompressible pour réaliser un
produit ou délivrer un service (matière, main d’œuvre,
équipement, structure). Celui-ci est identique pour tous les
concurrents qui fabriquent le produit ou rendent le service.
S’ajoute à ce coût de base toutes sortes de frais
supplémentaires, absolument pas nécessaires mais reflet d’erreurs
conceptuelles et variables d’une entreprise à l’autre.
Taiichi Ohno s’inspire aussi des résultats issus des efforts de
deux statisticiens industriels américains, Walter Shewhart et J.
Edwards Deming, pour appliquer le raisonnement scientifique aux
affaires. Ce sont les pères du cycle PDCA (« Plan, Do, Check, Act
»), fondement des approches d’amélioration continue (kaizen)
développées plus particulièrement au Japon dans les années
1960.
L’idée est d’évaluer l’exécution des plans au regard des
intentions qui les guident, pour en tirer les bonnes conclusions
sur les hypothèses de causalité sous-jacentes. Shewhart et Deming
pensent que les données n’ont de sens que dans leur contexte : ce
cycle vise à encourager les managers à évaluer systématiquement
leurs hypothèses (souvent implicites) pour améliorer
continuellement leur compréhension de la situation réelle.
Les Etats-Unis, au centre de la
diffusion du lean
Le terme « lean », s’il renvoie originellement aux usines
japonaises de Toyota, adopte une consonance remarquablement
anglo-saxonne. En effet les chercheurs américains ne sont pas
absents de la diffusion d’un « toyotisme amélioré ».
On a vu que Ohno, déjà, s’inspire des travaux d’industriels
américains. Par la suite, une diversification du TPS s’observe
dans la cellule de support pour les fournisseurs de Toyota aux
Etats-Unis, apportant de nouveaux outils à la méthode lean.
Lean est un qualificatif donné par une équipe de chercheurs du
MIT (Massachusetts Institute of Technology) au TPS de Ohno en
1987. C’est d’ailleurs aux Etats-Unis que se met en place une «
école lean » dans les années 1990. Elle est popularisée et
diffusée par un important nombre d’ouvrages, notamment «Lean
Thinking» de James P. Womack et Daniel T. Jones (1996).
Aujourd’hui, un débat concernant le lien entre toyotisme et lean,
mais aussi taylorisme et lean est ouvert. Il met en exergue la
complexité des influences de cette organisation du travail.