« Sécurité des installations nucléaires françaises : l’ASN communique les premiers résultats des évaluations »

SECURITE DES LIEUX DE TRAVAIL || Sécurité des lieux
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11/10/2011
À la suite des événements de Fukushima, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été mandatée par le premier ministre, François Fillon pour réaliser un audit de l’ensemble des 150 installations nucléaires françaises

À la suite des événements de Fukushima, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été mandatée par le premier ministre, François Fillon pour réaliser un audit de l’ensemble des 150 installations nucléaires françaises (cf. article sur préventica.com « Audit de sûreté des installations nucléaires : le cahier des charges est prêt ») : 58 réacteurs à eau pressurisée, des installations de recherche et des usines de retraitement du combustible (parmi lesquelles l'usine de traitement des combustibles usés de La Hague, dans la Manche ou celle de Melox, dans le Gard, fabriquant du combustible recyclé MOX, destiné à alimenter les réacteurs à eau légère de différents pays), sans oublier le réacteur EPR en construction. De son côté, le Conseil Européen a exigé la tenue de tests de résistance (« stress-tests ») afin de se faire une idée de la capacité de résistance des centrales européennes (143 réacteurs) aux phénomènes naturels plus ou moins extrêmes. Dans ce cadre, elle a donc demandé aux exploitants d’engager une démarche d’évaluation complémentaire de sécurité sur l’ensemble de leurs sites.

L’heure est à l’analyse des premiers résultats

Fin septembre, soit quelques jours après les événements du centre de traitement des déchets nucléaires de Marcoule, l’ASN a reçu les premiers rapports contenant les conclusions des évaluations complémentaires. Ces dernières concernent pour le moment 80 installations jugées prioritaires. L'ASN et son partenaire technique l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) devraient rendre leurs conclusions à la fin de l’année, après analyse des rapports des 38 inspections commandées.
Concernant les 70 installations restantes, les exploitants ont un an supplémentaire pour rédiger leurs rapports (15 septembre 2012).

Les exploitants devaient produire pour le 1er juin 2011, des notes présentant la méthodologie retenue pour les évaluations, qui ont été examinées par l’ASN. Elle juge satisfaisantes ces « démarches méthodologiques » destinées aux  évaluations et concernant l'état des installations, la robustesse face aux risques d'inondations, le cumul séisme-inondations ou la gestion des accidents graves.
L’ASN a, par ailleurs, demandé l’examen complémentaire des conséquences d'une éventuelle rupture des digues du grand canal d'Alsace, près de la centrale de Fessenheim (68), des digues du canal de Donzère dans la Drôme et du canal de Provence dans les Bouches-du-Rhône.

Satisfaction de l’ASN et des exploitants

Si l’ASN est plutôt satisfaite des premiers résultats, il en va de même pour les exploitants de ces sites sensibles.
EDF, Areva et le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) pour les principaux, se sont déclarés contents des résultats des études menées. D’après EDF, les centrales paraissent robustes, les moyens de secours en cas de perte totale et cumulée des sources électriques et de refroidissement sont performants. Un accident du type Fukushima semble, selon les intéressés, à exclure en France.
Même constat pour Areva. Le groupe estime qu'il n’y a pas « de risques de nature nouvelle par rapport à ceux déjà pris en compte à la conception » de l'usine de traitement des combustibles usés de La Hague.

Réflexion sur de nouvelles procédures

Néanmoins, EDF propose l’installation de systèmes complémentaires pour se prémunir des conséquences dramatiques d’un, peu probable, scénario à la japonaise : installation de pompes autonomes pour garantir la présence d'une source de refroidissement au sein du réacteur, installation sur chaque site d'un groupe électrogène dit « d'ultime secours », création d'une force d'intervention nucléaire rapide…

L’audit, les récentes polémiques autour du réacteur EPR de Flamanville ainsi que l’accident de Marcoule, ont également eu le mérite de mettre l’accent sur les aspects socio-organisationnels et humains du nucléaire français. Au premier plan des préoccupations, les dérives du recours à « la sous-traitance en cascade ». En effet, la sous-traitance par les sous-traitants eux-mêmes, de l’exécution de certaines tâches sensibles demandant un haut niveau de technicité et de contrôle, peut entraîner une démultiplication des risques.
Une réflexion a été portée sur la formation des employés et la transparence des process garants d’un accroissement de la sûreté des sites, mais aussi d’un meilleur respect de la sécurité des personnels.

Point de vue non partagé par les associations anti-nucléaires

Ces dernières dénoncent notamment le manque de partialité des stress-tests. « Aucune crédibilité ne peut être accordée à l'autoévaluation de ses activités par une entreprise commerciale, qui n'a donc aucune envie de voir ses installations mises à l'arrêt », explique l'ONG Observatoire du Nucléaire.
Par ailleurs, la centrale de Fessenheim, doyenne des installations françaises, inquiète. Ses détracteurs, qui ont encore manifesté il y a quelques jours dénoncent une vétusté des installations, le risque d'inondation, de séisme et de pollution à grande échelle avec la proximité du grand canal d'Alsace, une dalle béton (sur ce ravier repose le réacteur nº 1) en demande de consolidation...

L'Autorité de sûreté nucléaire assure que le processus de retour d’expérience approfondie de l’accident de Fukushima est engagé et s’étalera sur plusieurs années.
Dans le même temps, le ministre de l’Énergie Éric Besson a déclaré il y a quelques jours que le gouvernement réfléchit d’ores et déjà au scénario d'une réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d'énergie en France pour 2025.

Pour en savoir plus :
http://www.asn.fr/index.php/S-informer/Actualites/2011/Evaluations-complementaires-de-surete-ECS-Dossier-de-presse-du-14-septembre-2011