Longtemps perçues comme un danger pour l’emploi, les nouvelles
technologies s’intègrent de plus en plus dans le quotidien des
travailleurs pour les assister dans leurs tâches et parfois même
contribuer à la prévention des risques professionnels, notamment
dans l’industrie. Un point sur la situation actuelle pour la
robotique, la cobotique et les exosquelettes.
Exosquelettes : humain avant tout
Disponibles sous de nombreuses formes, les exosquelettes sont essentiellement présentés comme des solutions d’amélioration des conditions de travail et de protection des salariés. Néanmoins, ces outils ne sont pas toujours sans risques.
Qu’est-ce qu’un exosquelette ?
De manière générale et appliquée au monde de l’entreprise, un exosquelette désigne un dispositif externe, mécanique ou textile, créé pour assister physiquement les individus. Il peut être employé afin de réduire la pénibilité de certaines tâches, ou bien pour améliorer des performances. Il est souvent équipé de moteurs, de ressorts ou encore d’élastiques ; l’exosquelette « mime » en partie le vivant pour trouver des solutions techniques. Développé principalement dans le milieu militaire, il trouve aujourd’hui de nombreuses applications dans la manutention et le BTP notamment.
Quels sont les avantages et le prix d’un exosquelette ?
L’atout principal des exosquelettes est l’allègement de la charge physique, qui permet ainsi de soulager les travailleurs et d’améliorer leur productivité. Leur prix est extrêmement variable, tant la diversité des solutions est grande. Un exosquelette textile peut par exemple coûter une centaine d’euros, tandis qu’une solution robotisée coûte généralement plusieurs dizaines de milliers d’euros. Néanmoins, les solutions textiles et mécaniques restent les plus courantes, et leur prix n’excède généralement pas quelques milliers d’euros.
Quelles sont les limites et les inconvénients des exosquelettes ?
À l’heure actuelle, aucun exosquelette n’est considéré comme un équipement de protection individuelle. Pour cela, il faudrait prouver l’efficacité du dispositif pour contrer un risque en termes de santé ou de sécurité. Or, même si certains constructeurs peuvent parfois laisser penser le contraire, aucune preuve scientifique concrète n’a encore démontré l’avantage des exosquelettes pour la réduction des accidents ou celle des TMS.
La charge est bel et bien réduite, mais l’outil ne réduit pas la
répétitivité des mouvements (responsable de nombreux TMS) et
certains employeurs compensent l’assistance physique par une
charge plus importante. L’INRS alerte également sur les risques liés à la charge mentale, car les
exosquelettes pourraient constituer un facteur de stress
supplémentaire et de relâchement de l’attention.
Robotique : un outil devenu indispensable
Dans certains secteurs, la robotique est devenue indissociable de certaines activités. Elle permet notamment l’automatisation de nombreux process et une sécurité renforcée. Mais ses applications sont très diverses et sa place dans l’entreprise devrait se renforcer dans les années à venir.
Qu’est-ce que la robotique ?
Selon le dictionnaire Larousse, un robot désigne un « appareil automatique capable de manipuler des objets ou d'exécuter des opérations selon un programme fixe, modifiable ou adaptable ». Un robot peut être simple ou complexe, et les machines modernes permettent d’exécuter des programmes de plus en plus avancés. Selon la Fédération internationale de robotique, il faut par ailleurs séparer les logiciels (software) des robots, quand bien même ceux-ci seraient automatisés.
Chiffres et usages
La Fédération internationale de robotique distingue deux types de robots : les robots industriels et les robots de service. Lorsque les premiers agissent généralement sur des chaînes de production, en quasi-autonomie avec une surveillance humaine, les seconds travaillent directement avec l’homme pour l’assister. Selon la fédération, 400 000 robots industriels seraient installés chaque année dans le monde, et le stock opérationnel mondial s’élèverait à 3 millions d’unités en 2020. La Chine serait de très loin le premier utilisateur de ces solutions, essentiellement à destination de l’industrie électronique et de l’industrie automobile.
Quels apports pour la santé-sécurité ?
Les robots remplacent peu à peu les hommes sur les chaînes de
production industrielle pouvant être entièrement automatisées.
Cela entraine plusieurs effets. Tout d’abord, un gain de
productivité important et un résultat uniformisé pour
l’entreprise. Pour les salariés, ces « nouveaux arrivants »
longtemps mal perçus présentent aussi plusieurs avantages.
Dans un premier temps, ils permettent de limiter les tâches trop
répétitives, fatigantes ou dangereuses au sein de l’organisation.
Dans certains cas, leur présence permet aussi de faire évoluer
les postes vers des tâches d’encadrement plus enrichissantes et
plus qualifiées. Les salariés sont donc moins soumis aux
situations à risques, qu’ils soient physiques ou psychosociaux.
Néanmoins, il ne s’agit que d’un outil ; c’est donc son
utilisation par l’entreprise qui déterminera réellement ses
impacts – positifs ou non – sur les travailleurs.
Quel futur pour la robotique ?
Les robots sont depuis longtemps promis à un bel avenir au sein
des entreprises. Cependant, la crainte que ceux-ci remplacent un
jour les travailleurs relève de plus en plus de la fiction. Au
contraire, de nombreux industriels souhaitent faire marche
arrière et défendent désormais l’expertise humaine, comme ce fut
le cas pour le célèbre dirigeant de Tesla, Elon Musk, qui a
regretté une « automatisation excessive » dans ses usines,
responsable selon lui de retards conséquents dans la production.
Pour l’avenir, la tendance semble plutôt être à la « cobotique »,
ou robotique collaborative.
Cobotique : nos amis les robots
De plus en plus employée dans les entreprises, la robotique collaborative, ou « cobotique » semble gagner du terrain. Son but : mettre la machine au service de l’homme pour une coopération efficace.
Qu’est-ce que la cobotique ?
D’après le dictionnaire Larousse, le « cobot » désigne un « robot non autonome, travaillant en collaboration directe avec un humain, en vue d’augmenter sa productivité et de réduire la pénibilité de ses tâches ». En 2016, la norme ISO/TS 15066 relative aux applications collaboratives robotisées a été rédigée afin de fournir « des lignes directrices pour la conception et l’organisation d’un espace de travail coopératif de nature à réduire les risques auxquels les personnes peuvent être exposées ». Cette norme, en plus d’apporter des définitions importantes, démontre également l’intérêt grandissant pour le domaine, tout en indiquant la transformation de la relation homme-machine vers une plus grande proximité. De manière simplifié, la cobotique permet de travailler directement avec les robots, dans un environnement partagé prévu à cette occasion.
Quels sont les avantages de la cobotique ?
La cobotique ouvre la voie vers de nombreuses applications : l’homme reste aux commandes et à la supervision, mais possède un outil puissant à sa disposition. Des entreprises l’emploient notamment pour l’acheminent de marchandises vers les salariés, permettant ainsi de limiter les déplacements et le port de charges lourdes, mais la robotique collaborative est aussi employée pour effectuer des tâches très précises dans l’aéronautique ou la chirurgie par exemple.
Quels sont les inconvénients de la cobotique ?
Bien qu’elle offre de nombreux avantages, la cobotique n’est pas
toujours la meilleure des solutions. Elle nécessite tout d’abord
une restructuration des postes de travail, une formation à de
nouveaux outils et donc une maîtrise supplémentaire pour
effectuer son travail. Certains salariés pourraient donc être
désorientés par une nouvelle contrainte imposée, et leur charge
mentale pourrait s’en retrouver alourdie.
De plus, les robots sont généralement des machines imposantes,
qui représentent parfois un danger. En réduisant la distance
entre les travailleurs et les robots, tout en encourageant
l’interaction, le risque d’accident devient plus élevé ; la plus
grande vigilance est nécessaire.
Enfin, la robotique, collaborative ou non, représente tout de
même un coût important, qui n’est pas toujours rentabilisé. C’est
pourquoi il ne faut pas à tout prix vouloir moderniser son
entreprise si l’activité ne s’y prête pas. Il est nécessaire de
rester à l’écoute des besoins de l’organisation et ceux des
travailleurs pour prendre les meilleures décisions
d’investissement.
En savoir plus sur les exosquelettes, la robotique et la cobotique
- FAQ Exosquelettes, INRS
- Dossier Exosquelettes, INRS
- Guide de prévention à destination des fabricants et des utilisateurs pour la mise en œuvre des applications collaboratives robotisées, Ministère du Travail, 2017
- La cobotique : une approche qui pourrait révolutionner la fabrication en entreprise, Robot Magazine
- Les métiers de la robotique et des objets connectés, Pôle Emploi
- Nouvelle spécification technique ISO pour la collaboration avec les robots, ISO, mars 2016