Concilier carrière et vie personnelle
De nombreux travailleurs en France, lorsqu’ils deviennent parents, sont confrontés à la difficulté de faire coïncider ce nouvel aspect de leur vie avec leur emploi. Les stéréotypes et le repli sur soi leur rendent la tâche encore plus délicate
Parentalité et emploi : travail de fronts
La vie de famille et la vie professionnelle sont deux mondes difficiles à concilier. Selon l’enquête Conditions de travail et risques psychosociaux de 2016, 13 % des femmes et 14 % des hommes salariés déclaraient recevoir des reproches de leur entourage, en raison de leur manque de disponibilité liée aux horaires de travail. L’emploi peut être chronophage et stressant, quand la parentalité peut être tout aussi prenante. Sur ce double front, la clé réside dans l’organisation.
Répartir les tâches
Pour s’y retrouver, mieux vaut organiser son temps de travail efficacement au travail : prioriser certaines tâches, se fixer des règles et des horaires fixes, tenir sa déconnexion etc. Sans oublier que certaines astuces peuvent vous faire gagner du temps à la maison : planifier ses repas, cuisiner pour plusieurs jours, mettre en place un calendrier familial, faire ses courses après le travail au lieu du week-end.
Mais pour faire tout cela, chez soi comme au bureau, il faut apprendre à dire non, déléguer, et répartir les tâches. Demander de l’aide à ses collègues ou réellement répartir la charge mentale avec son conjoint peuvent permettre de mieux équilibrer sa vie professionnelle et sa vie personnelle.
Des aides existent
Congés et soutiens
Avant même que cette dualité ne s’instaure, pensez à prendre les congés servant à « accueillir l’arrivée d’un enfant ». Plus tard, tout au long de votre vie de parent et de travailleur, vous pourrez aussi légalement prendre un congé pour « maladie, handicap ou dépendance d’un membre de la famille ».
Si cela n’est pas suffisant, songez aux différentes « aides directes relatives à l’enfance et à l’adolescence ». Ensuite, n’hésitez pas à demander de l’aide, d’abord aux proches et amis, puis à certaines associations spécialement dédiées. Vous pouvez également solliciter certaines structures locales comme les PMI (Protection Maternelle et Infantile) où vous pourrez consulter des puériculteurs et des pédiatres. De façon globale, le suivi régulier par un psychologue ou par un psychiatre peut également constituer un appui.
Combattre le « syndrome du parent parfait »
Il est d’autant plus difficile de concilier une carrière professionnelle et une vie de famille lorsque l’on fait face à ces stéréotypes, jugements et biais sociétaux qui ajoutent une charge supplémentaire au parent. Ce poids en entreprise, l’experte en parentalité Anne Peymirat le nomme « Syndrome du wonder parent, ou du parent parfait ». « Travailler comme si on n'avait pas d'enfants et élever nos enfants comme si on n'avait pas de travail », écrit-elle. La spécialiste affirme qu’alors qu’être parent actif est une réalité pour 8 salariés sur 10, le poids de la culpabilité qu’ils supportent est encore trop lourd. Pourtant, quasiment tous les parents, et donc toutes les entreprises, y sont confrontés.
Stéréotypes, biais et pression de genre
Estelle Roulin, fondatrice de La Carabane Conseil, assure qu’aujourd’hui, la situation tendrait à s’équilibrer. Malheureusement, « les pères subissent encore de la pression culturelle, et même de l’ironie au travail, quand les mères sont jugées pour vouloir tenir leur engagement professionnel malgré la parentalité ». Les stéréotypes ont la peau dure, à l’image du sort réservé à la navigatrice Clarisse Crémer, évincée du Vendée Globe 2024 après sa maternité.
Le rôle clé du manager
Pour faire évoluer les choses, l’entreprise doit donc aussi changer son regard sur la parentalité. Le manager, qui encadre ses équipes, doit pouvoir être un appui. Celui-ci doit donc être formé à la parentalité. Car « une fois que la prise de conscience survient, les choses commencent à changer », assure Estelle Roulin, qui préconise également la mise en place « d’ambassadeur parentalité » dans chaque équipe. Une hiérarchie sensibilisée à ces questions sera plus à même de trouver des solutions avec le collaborateur concerné (aménagement des horaires par exemple).
Zéro culpabilisation
Son conseil est ainsi de faire avec, d’intégrer cette situation sans en avoir honte. Tout ne peux pas être parfait, vous devez parfois quitter le travail plus tôt, poser un jour « enfant malade »… De même, il n’y a rien de mal à demander des responsabilités et ou des tâches importantes si vous revenez de congé maternité/paternité. Soyez simplement raccords avec vos capacités et vos envies, pour éviter tout surmenage. Garderies, nounous, baby-sitters… Des solutions existent. Une femme qui veut travailler n’abandonne donc en rien ses enfants, ou ne se défile pas. L’envie de travailler est tout aussi légitime pour le père que pour la mère. En somme, choisir de concilier carrière et famille n’est pas une honte, mais un défi remarquable.
En savoir plus sur comment concilier carrière et vie personnelle
En savoir plus :
- « Comment améliorer son équilibre vie privée / vie professionnelle ? », cadremploi.fr, septembre 2020
- « Conciliation des vies familiale, professionnelle et sociale des allocataires de minima sociaux », solidarités-sante.gouv, mars 2008
- « Le point sur les dispositifs de conciliation de la vie familiale et la vie professionnelle », Unaf
- « Conciliation difficile entre vie familiale et vie professionnelle », Dares travail-emploi.gouv, septembre 2019
- « Droit à la déconnexion : comment le mettre en œuvre dans l’entreprise ? », Inrs, novembre 2019
- « Equilibre vie privée / vie professionnelle : un enjeu clé de la satisfaction au travail », Preventica, juillet 2014