Philippe BLIN - SDIS 44 : Il est important de faire comprendre la nécessité d’un changement de comportement sur la route

Il est important de faire comprendre la nécessité d’un changement de comportement sur la route

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01/05/2008
Philippe BLIN - SDIS 44
Philippe BLIN
Responsable Hygiène Sécurité
SDIS 44

Pouvez-vous nous présenter le SDIS 44 et ses missions ?

Les sapeurs-pompiers sont administrés, gérés et organisés au niveau départemental au sein du Service départemental d’incendie et de secours. Ce dernier a pour mission le secours d’urgence auprès de la population de Loire-Atlantique soit 1.3 millions d’habitants.
En 2007, les sapeurs-pompiers ont effectué 54 109 interventions (5 678 accidents sur voie publique ; 5 966 feux ; 36 024 secours à personne ; 6 441 opérations diverses).
98 centres d’incendie et de secours couvrent le territoire départemental. Le SDIS, c’est 3 544 sapeurs-pompiers volontaires, 752 sapeurs-pompiers professionnels et 378 personnels administratifs et techniques.

Parlez-nous des actions de prévention que vous mettez en place dans la région ?

Sur le plan de la prévention des risques professionnels, les Sapeurs-pompiers sont soumis au Décret 85-603 modifié relatif à l’hygiène et la sécurité ainsi qu’à la médecine préventive et professionnelle dans la fonction publique territoriale. Sauf exceptions prévues par ce décret, ce sont les règles du livre 2 titre 3 du Code du Travail qui s’appliquent comme pour n’importe quel salarié d’une entreprise, à une exception près (qui a son importance) : l’interdiction de disposer du droit de retrait lorsqu’ils sont en intervention. Par contre dans ce cas précis, les sapeurs-pompiers doivent intervenir en appliquant les consignes de sécurité, les techniques et règles d’engagement définies pour chaque type d’intervention, et appliquer les ordres du Commandant des Opérations de Secours qui peut demander à une équipe, en fonction de l’évolution de la situation de l’opération, de se replier pour réorganiser le dispositif de secours.

A partir de l’instant où la notion d’urgence disparaît (le feu est éteint, le sauvetage est réalisé et le pronostique vital de la victime n’est plus engagé), et a fortiori lorsque les sapeurs-pompiers s’entraînent, travaillent dans les centres d’incendie et de secours, ou effectuent des exercices, les règles d’hygiène et de sécurité doivent être appliquées.
Par conséquent, le SDIS a engagé plusieurs démarches de prévention à partir de l’élaboration des statistiques d’accidents : la prévention des accidents liés aux activités physiques et sportives (dans le cadre d’un groupe de travail national piloté par la Direction de la Défense et de la Sécurité Civile), l’amélioration des programmes de formation visant à intégrer la sensibilisation à la prévention des risques liés au métier de sapeur-pompier (formation des nouveaux embauchés, formation des cadres), la réalisation des analyses d’accidents graves par le Comité d’hygiène et de sécurité, la mise en place des habilitations (électriques, CACES et autorisation de conduite des chariots élévateurs et des grues auxiliaires de chargement), la formation des « agents chargés de la mise en œuvre des règles d’hygiène et de sécurité » (spécificité de la fonction publique territoriale), la mise en œuvre d’actions visant à réduire le risque routier de l’établissement etc.… Pour cette année, le grand « chantier » de la prévention est la généralisation de la démarche d’évaluation des risques professionnels et la rédaction du document unique. Pour ce faire, une collaboration étroite entre le chef de mission hygiène et sécurité et le médecin du travail, sous l’égide de la direction, est indispensable pour bien préparer les outils qui seront utilisés par les groupes de travail.

Le SDIS 44 sera présent sur le salon Prévent’Ouest en juin prochain. Qu’attendez-vous de l’événement ?

Vous savez, lorsque les sapeurs-pompiers sont appelés à intervenir, c’est parce que la prévention a échouée : l’accident est survenu. Dés lors, il s’agit pour eux de limiter les dégâts au strict minimum : éviter une aggravation des lésions, limiter la propagation d’un feu, colmater une fuite de produit chimique ou procéder à la dépollution d’un site. Un événement comme Prévent’Ouest permet aux sapeurs-pompiers de découvrir une approche différente de la sécurité, plus centrée sur la prévention que la réparation. Ce sera aussi l’occasion, pour ceux qui vont venir au salon, de voir que d’autres secteurs d’activité peuvent être confrontés à des risques similaires aux leurs et par conséquent d’échanger sur les pratiques et les stratégies de préventions mises en œuvre. Il y a toujours quelque chose à apprendre et à découvrir sur un salon de 2 jours consacré exclusivement à la Santé et la Sécurité au Travail : assister aux conférences qui traitent de problématiques auxquelles l’établissement est confronté (management des risques, sécurité routière, ou encore prévention des risques dans la fonction publique…), visiter les stands, nouer des contacts. Ce salon est aussi l’occasion d’échanger avec des collègues préventeurs et avec des homologues des autres SDIS de Bretagne (56,29, 22 et 35), avec lesquels nous constituons un groupe de travail ; nous avons prévu une visite coordonnée.

Vous interviendrez sur le salon en proposant des démonstrations de cellules de désincarcération. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Les manœuvres de désincarcération sont très impressionnantes, pour des non initiés : c’est l’occasion de voir travailler, dans un contexte d’exercices avec engins (Véhicule de Secours Routier, Véhicule de Secours aux Victimes, Fourgon Pompe Tonne) et équipements (cisailles), les équipes de secours qui sauvent des vies tous les jours. Mais au-delà de la démonstration, qui permet de comprendre comment les évolutions techniques et organisationnelles des secours permettent de sauver des vies dans des situations qui étaient, il y a encore quelques années, désespérées (incarcération totale des victimes dans les véhicules), il faut rappeler le contexte du risque routier. En tant que préventeur, il est important de faire comprendre la nécessité d’un changement de comportement sur la route. Un accident de la route est dramatique pour l’accidenté et sa famille, mais c’est aussi sur ce type d’interventions que les sapeurs-pompiers risquent le plus leur vie (cf. drame de Loriol). Par conséquent, ce changement passe aussi obligatoirement par la mise en œuvre des plans de prévention du risque routier professionnel au sein des entreprises, des établissements publics et des administrations qui contribueront à réduire le nombre et la gravité des accidents de la route dans le cadre des activités professionnelles.

Quelque chose à rajouter ?

Merci à Préventica / Prévent’Ouest, pour son organisation dans les régions et pour sa volonté d’entretenir la proximité avec les acteurs locaux de tous horizons.