Jean-Claude ROBERT - PSRE : Seule une entreprise sur cinq mentionne le risque routier dans son Document Unique

Seule une entreprise sur cinq mentionne le risque routier dans son Document Unique

|| Risque routier
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01/05/2011
Jean-Claude ROBERT - PSRE
Jean-Claude ROBERT
Président
PSRE


PSRE est une association à but non lucratif créée il y a une douzaine d’années à l’initiative de grandes entreprises (qui avaient signé les premières chartes de sécurité routière avec l’État) et de compagnies d’assurance spécialisées dans les flottes automobiles. Aujourd’hui, l’association regroupe des entreprises de tous les secteurs (95% des adhérents) et se définit comme un carrefour de bonnes idées et bonnes pratiques. Le partage d’expérience participe de son importante visibilité dans le paysage de la prévention du risque routier en France. Jean-Claude Robert, son président, nous explique l’importance d’une prise en compte de celui-ci dans une démarche plus globale d’évaluation des risques professionnels, thème de la conférence qu’il animera sur Prévent’Ouest.
 
 
Fidèle des Salons/Congrès Préventica, vous serez présent dans quelques jours à Rennes et animerez une conférence consacrée à la démarche globale d’évaluation du management de la sécurité routière. L’on ne vous attend pas particulièrement sur un tel sujet. Pourquoi l’avoir choisi ?
Pour être pleinement efficace, une démarche de prévention doit être cohérente entre organisation du travail, préparation des déplacements, flotte automobile et compétences des conducteurs et donc globale. On constate que, 10 ans après l’obligation législative de réalisation du Document Unique (DU), 50% seulement des entreprises l’ont mis en place (une partie des PME et très peu de TPE). Il faut donc en déduire que la moitié des sociétés françaises n’ont pas réalisé de diagnostic général des risques dans l’entreprise : de ce fait, il est plus difficile de les réduire.
Quant au risque routier, il n’est décrit que dans 40% des structures qui ont réalisé leur DU. Le calcul est simple et peu encourageant : une entreprise sur 5 mentionne le risque routier et, le plus souvent, de manière succincte, sans analyse réelle des facteurs de risque propres à l'entreprise. Cela explique la portée d’un tel sujet sur Prévent’Ouest. La prévention du risque routier est importante bien sûr – les accidents de la route représentent 5 millions de journées de travail perdues chaque année dont 3,5 pour les accidents de trajet - mais si elle n’est pas intégrée à une démarche globale, incluant une réflexion sur l’organisation au plus haut de l’entreprise, les résultats seront décevants.
Les accidents de la route intervenants dans un cadre professionnel sont la plupart du temps la conséquence de dysfonctionnements dans l’organisation même du travail. D’où la nécessité d’un diagnostic, préalable indispensable à l’identification de ces défaillances.
 
Qu’allons-nous y apprendre ?
La conférence relative au management de la sécurité routière se veut pragmatique : l’objectif est de présenter une méthodologie accessible à tous. La mise en place de plans, consécutifs aux diagnostics, est indispensable, mais la seule évocation du mot fait peur aux entreprises. Mais, en réalité, une démarche, même globale, peut être simple : deux ou trois points suffisent parfois pour démarrer ! Ainsi, pour réduire le risque d’accident de la route pour les collaborateurs, il peut-être envisagé d’installer des équipements de sécurité ou de mieux organiser les déplacements (prévoir plus de temps pour chacun d’entre eux, mieux organiser les rendez-vous pour ne pas avoir à rappeler au volant, prévoir des alternatives aux déplacements…). Nous insisterons également sur l’importance du suivi des démarches. Prévoir des plans de prévention c’est bien, vérifier leur bonne application et leur efficacité c’est mieux !
 
À qui va-t-elle s’adresser ?
Les visiteurs de Préventica / Prévent’Ouest viennent avec une problématique précise. Ils ont, pour la plupart, déjà engagé une démarche de prévention des risques. La présentation d’une démarche globale intéresse donc tout le monde à commencer par les chefs d’entreprises et les préventeurs bien sûr, mais aussi les DRH, les services de santé au travail et les médecins du travail. En outre, un tel exposé ne s’adresse pas seulement au secteur privé : nous constatons l'émergence d’une vraie réflexion sur les dangers de la route chez les agents de la Fonction publique.
 
Nous pouvons rapprocher cette problématique, d’un risque qui vous tient particulièrement à cœur actuellement puisque PSRE engage une importante campagne de communication sur le sujet, à savoir le téléphone au volant. Expliquez-nous ?
Les dangers du téléphone au volant ont fait l’objet d’une importante prise de conscience dès 2008. Nous constations alors une réelle prise de conscience vis-à-vis des comportements, puis l’élan est retombé ! Le marché du téléphone mobile est énorme : les lobbies sont puissants et je pense que l’impact économique freine un peu les pouvoirs publics quant à une prise de décision radicale sur le sujet.
Or, il faut savoir que 7 à 8% des accidents de la route mortels mettent en cause le téléphone au volant (la police et la gendarmerie ont la possibilité d’interroger les opérateurs de téléphonie à la suite d’un accident corporel grave). Des études menées par l’INRS, le CNRS, l’INRETS ont permis de déterminer les différents mécanismes qui mènent à l’accident : augmentation de la charge mentale du conducteur qui est donc moins vigilant sur sa conduite, accaparation de l’attention sur la conversation entraînant une conduite « réflexe » et un accroissement du  temps de réaction de 50%... Le véhicule devient le relais du bureau et les éléments de distraction apparaissent plus nombreux : messagerie, Smartphone, écran GPS, téléphone, kit mains libres permettent maintenant de poursuivre une réunion, prendre des rendez-vous, recevoir ses mails, consulter Internet tout en conduisant.
Pour pallier cette situation dramatique, PSRE mène donc une campagne de communication nationale (interviews, communiqués à la presse, conférences…). Nous voulons sensibiliser le plus grand nombre de décideurs professionnels à cette situation qui peut être modifiée par une organisation différente du travail. Nous en revenons à la pertinence d’une démarche globale d'évaluation des risques. La problématique du téléphone au volant s'avère d'ailleurs être une question transversale à l’ensemble des exposés que nous présenterons sur Prévent’Ouest : nous en reparlerons, par exemple, lorsque nous aborderons le risque pénal et la faute inexcusable.