Olivier RAQUIN - Ergonalliance : L’ergonomie donne une dimension plus efficace aux formations « Gestes et Postures »

L’ergonomie donne une dimension plus efficace aux formations « Gestes et Postures »

|| Santé au travail / Conditions de travail
/
10/05/2013
Olivier RAQUIN - Ergonalliance
Olivier RAQUIN
Directeur
Ergonalliance
Traditionnellement dispensées à tous les opérateurs ayant une activité de manutention, les formations "Gestes et Postures" étaient peu à peu tombées en désuétude. Avec l'apport de l'ergonomie, ces formations connaissent aujourd'hui un regain d'intérêt. Explications avec Olivier Raquin, ergonome.

Qu’apporte l’approche ergonomique en matière de formation ?
Les formations à la prévention des TMS, et notamment la formation « Gestes et Postures » telle qu’elle était dispensée par le passé, ne prennent pas suffisamment en compte le travail réel de l’opérateur, ce qui entraîne par la suite des difficultés à mettre en pratique les apports de la formation, décalée par rapport aux réalités du métier.
L’introduction de la dimension ergonomique dans les modules de formation permet d’enrichir les contenus. L’ergonome va d’abord observer la réalité du travail pour mettre en débat les savoir-faire, les pratiques de prudence et les compromis opératoires qui doivent y être réalisés.
Ce travail d’observation va ensuite pouvoir être restitué et permettra d’adapter le contenu de la formation aux situations réelles de travail.
La mise en place de nouvelles gestuelles de travail ne peut être effective que si un débat est possible au sein du collectif de travail.

Cette dimension ergonomique est-elle désormais mieux intégrée par les collectivités et les entreprises dans leurs demandes de formation pour leurs salariés ou agents ?
Oui. Nous observons que de plus en plus de DRH et de directions dans les collectivités créent des bureaux de prévention avec des préventeurs, des ergonomes, des psychologues du travail… L’intégration de ces compétences fait que les exigences de formation ont évolué, que ce soit en prévention TMS ou pour ce qui concerne la pénibilité ou les risques psychosociaux.
Il y a eu beaucoup de confusion lors de la mise en place du référentiel PRAP qui a pu être interprété comme une alternative à la formation « Gestes et Postures ». En réalité le référentiel PRAP a plutôt pour objectif de former des acteurs de prévention au sein des entreprises, y compris parmi les opérateurs, qui ont pour mission de s’intéresser à l’adaptation des postes ou situations de travail.
Cette démarche vient compléter, mais pas remplacer, la prise en compte du travail quotidien des opérateurs dans leur engagement individuel ou en collectif de travail (équipe, binômes) et la réflexion sur les options et compromis susceptibles de faciliter leur tâche dans un environnement contraignant.
Aujourd’hui nous revenons, dans cet esprit, à des formations Gestes et Postures mais avec l’apport supplémentaire de l’analyse ergonomique.

Vous intervenez actuellement auprès de la direction des espaces verts de la Ville de Paris, dans quel contexte ?
Comme dans d’autres directions, nous avons effectivement bâti différents modules de formation « Gestes et Postures » pour les jardiniers de la Ville de Paris. L’objectif était d’intégrer les spécificités de leur activité et les pratiques professionnelles afin d’adapter la formation au plus près de leurs besoins réels. Nous avons pour cela d’abord réalisé des temps d’observation pour bien appréhender les contextes professionnels de ces corps de métiers, comprendre les gestes de travail, leurs contraintes et ce qui les détermine, et identifier les stratégies opératoires.
Nous avons ensuite construit et validé les contenus de formation au sein de groupes de travail composés d’agents de terrain et de conseillers en prévention de la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement.
Les formations sont maintenant déployées dans leurs propres locaux de travail, sur des sites permettant des mises en situation réelles et en s’appuyant sur les outils qu’ils utilisent, par petits groupes de 8 à 10 personnes maximum, afin de favoriser l’émergence du débat et des échanges notamment autour des savoir-faire de prudence.
Il est difficile de mesurer aujourd’hui l’impact de ces formations car il ne peut se mesurer qu’à moyen ou long terme. Mais nous avons un premier retour des opérateurs et d’autres directions de la Ville de Paris ou d’autres collectivités dans lesquelles des projets similaires ont été menés, sur le bénéfice que ces formations ont pu apporter en ouvrant le débat sur le travail réel, ce que nous appelons dans notre jargon d’ergonome « les disputes sur le métier ».

 


En savoir plus