Laurent PAGNAC - SOLUTIONS PRODUCTIVES : Nous abordons les TMS avec une double approche : Santé et Performance

Nous abordons les TMS avec une double approche : Santé et Performance

|| Ergonomie / Aménagement des espaces de travail
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01/10/2010
Laurent PAGNAC - SOLUTIONS PRODUCTIVES
Laurent PAGNAC
Ingénieur ergonome, Directeur Développement Clients
SOLUTIONS PRODUCTIVES

Pouvez-vous nous présenter Solutions Productives ?
LP : Solutions Productives est un cabinet-conseil privé et indépendant créé il y a 20 ans à Rennes.  En développement constant (3 ergonomes au départ, 15 aujourd'hui) il se déploie maintenant au niveau national via plusieurs agences. Nous sommes spécialisés dans le conseil en ergonomie, organisation du travail et management : cela signifie que nous ne prenons pas seulement en compte l’aménagement des postes mais prônons une démarche beaucoup plus globale.
Solutions Productives intervient dans plusieurs domaines : prévention des risques professionnels (TMS, risques psychosociaux…), conception de nouveaux moyens de travail dans les secteurs industriels (process prenant en compte très tôt le facteur humain) et tertiaires, gestion du handicap, conseil en ergonomie de produit (volonté des industriels d’adapter le produit aux utilisateurs) et formation (secteurs de l’ergonomie, de la prévention des TMS et des risques psychosociaux). Enfin, reconnus comme expert par les partenaires institutionnels sur les questions de santé au travail, nous collaborons avec l’INRS, la CNAMTS, les CARSAT, l’ANACT, les ARACT et la MSA sur certaines publications (co-auteur de la brochure INRS ed N°878 : « Diminuer les TMS dans la filière viande, c’est gagner en Performance»).
La spécificité de Solutions Productives, sa force aussi, est d’avoir constitué une équipe d’ergonomes issus d’horizons différents : HSE, psychologie, ingénierie, santé (formation paramédicale) et plus récemment d’un consultant en management. Notre cabinet propose ainsi une équipe et des compétences pluridisciplinaires reconnues comme un atout par nos clients (70% de taux de fidélisation).
 
On associe communément l’ergonomie à une conception nouvelle des objets et des postes de travail et le lien avec la prévention des risques au sens large (et plus particulièrement les risques psychosociaux) n’est pas évident. Expliquez-nous en quoi l’ergonomie peut-elle intervenir dans le domaine de la prévention des risques professionnels ?
Le propre de l’ergonomie est d’adapter le travail à l’homme ; nous agissons donc dans tous les secteurs d’activité en diffusant des méthodes d’analyse et de recherche de solutions sur un plan correctif (pour régler des problèmes déjà présents). Nous sommes ici, dans la représentation de l’ergonomie telle que tout le monde l’entend. Mais on fait aussi appel à nous pour anticiper les problèmes : nous intervenons alors en conception des locaux ou postes de travail, organisation du travail et des process, management. Cela implique une vision beaucoup plus large de l’ergonomie, s’inscrivant dans une démarche globale et cohérente associant les enjeux de prévention des risques et de performance. L’ergonomie analyse le travail réel et s’attache à identifier les points de tensions à risque pour la santé (physique, mentale et psychique) et l’atteinte des résultats. Le ressenti du salarié est indissociable de l’aménagement de son environnement de travail. L’aspect managérial prend ici tout son sens grâce à une approche mettant en évidence dans le travail, les tensions organisationnelles. En fait, on constate que les TMS et les difficultés psychosociales (RPS) sont intimement liés.
 
Préventica consacre son dossier thématique mensuel aux personnels de l’aide aux soins. Il s’agit d’un secteur d’activité dans lequel vous intervenez et dans lequel le lien entre TMS et RPS prend tout son sens. Expliquez-nous.
Les problèmes psychosociaux et les TMS sont en effet, des problèmes récurrents dans le secteur de l’aide aux soins et l’un des domaines où le lien entre les deux est le plus flagrant. Notre expertise nous permet donc d’intervenir à plusieurs niveaux et parfois très tôt. Nous tentons d’anticiper les problèmes en étudiant, par exemple, la prise en compte du travail dans les concepts architecturaux des hôpitaux et des maisons de retraite. Nous agissons également sur l’organisation du travail et le management afin de conserver un bien-être individuel et professionnel en favorisant la qualité de service : ce sont des métiers difficiles psychologiquement et cela accentue la survenue d’autres difficultés comme les problèmes articulaires, le mal de dos, les tendinites…
 
Un rapport de la CNAMTS révèle que 80% des maladies professionnelles sont des TMS. A ce sujet, vous avez développé une démarche innovante de Prévention. Pouvez-vous nous en parler ?
En effet, les ingénieurs ergonomes de Solutions Productives ont développé une démarche innovante de prévention des TMS notamment, en prenant en compte le déroulement des tâches dans le temps au plus tôt dans les projets de conception. Nous sommes convaincus que là où il y a des TMS, la performance n’est pas au rendez-vous. Nous abordons les TMS avec une double approche : Santé et Performance. La clé est d’analyser les contraintes sans culpabiliser les entreprises, de réorganiser le travail pour permettre d’améliorer les conditions de travail sans pour autant pénaliser la dynamique de croissance de la structure. Il faut que l’organisation du travail permette l’amélioration du geste : avant de travailler sur les postures, il faut en comprendre le sens et améliorer l’environnement de travail.
A ce titre, nous avons développé un outil de simulation numérique (4D) intégrant les espaces de travail et les flux (déjà primé il y a quelques années sur Prévent’Ouest Rennes, il a encore évolué depuis) : il éclaire les différentes façons d’agir sur les flux pour davantage les adapter aux hommes et femmes qui travaillent sur les systèmes de production dans un double objectif de santé et performance.
 
Les TMS sont au centre de toutes les préoccupations, on en parle partout, les campagnes de sensibilisation sont nombreuses. Pourtant les chiffres ne semblent pas s’infléchir, au contraire. Pensez-vous que l’on a enfin trouvé les clés pour les réduire dans les prochaines années ?
Pendant longtemps on a pris le problème à l’envers, à savoir informer sur les risques et les dommages sans donner à voir de réelles portes de sortie. On a ensuite tenté de régler les problèmes a posteriori sans prendre en compte ni comprendre les contraintes de ceux qui conçoivent, organisent et décident. Et puis on a culpabilisé les entreprises en axant la réflexion sur : « les trop fortes cadences », « la répétition des tâches », « le poste de travail mal aménagé », « le stress »…
Pour avancer, il faut relier les questions de Performance/Santé et opter pour une démarche pérenne qui s’intègrera dans les projets de l’entreprise. La réflexion progresse petit à petit à ce sujet et l’on commence même à sensibiliser les futurs concepteurs dès leur formation. Les chefs d’entreprises et les managers intègrent eux aussi que des salariés en bonne santé sont plus performants et participent à la croissance de l’activité. On parle beaucoup des TMS car tout le monde sait qu’il s’agit là d’un problème fondamental : s’ils sont assurément le mal du siècle, leur réduction est une question de survie économique ! Je suis convaincu qu’avec une démarche cohérente, multidisciplinaire et globale, on progressera.
 
On vous compte parmi les exposants de Préventica depuis plusieurs éditions. Que vous apporte l’événement ?
Nous avons un développement national et il nous semble essentiel d’être présents régulièrement en région. Nous venons rencontrer des prospects bien sûr mais aussi nos clients : ils sont nombreux à venir nous voir sur les salons pour se tenir informer de nos dernières innovations et solutions nouvelles. Les conférences, que nous animons sur chaque édition nous permettent de débattre avec les visiteurs, d’autres professionnels comme nous et des institutionnels et organismes référents. Préventica contribue à créer du lien entre les forces vives de la prévention des risques professionnels.