Emmanuel GREMAUD - BRUEL & KJAER : Bruits et vibrations sont à l’origine de pathologies diverses...que le monde de l’entreprise ne peut plus ignorer.

Bruits et vibrations sont à l’origine de pathologies diverses...que le monde de l’entreprise ne peut plus ignorer.

|| Aménagement des espaces de travail - Industrie
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23/09/2011
Emmanuel GREMAUD - BRUEL & KJAER
Emmanuel GREMAUD
Chef de produit
BRUEL & KJAER
Créée en 1942, Brüel & Kjaer (B&K) est une société danoise dont le siège et l’usine se trouvent à Naerum au nord de Copenhague. Filiale du groupe Spectris plc (instrumentation de précision et de contrôle), la société est leader mondial des solutions pour


Préventica - Expert dans le domaine de l’acoustique et des vibrations, la réputation de Bruel & Kjaer n’est plus à faire. Pouvez-vous néanmoins nous donner quelques précisions sur l’étendue de vos activités ?
Emmanuel GREMAUD  - Créée en 1942, Brüel & Kjaer (B&K) est une société danoise dont le siège et l’usine se trouvent à Naerum au nord de Copenhague. Filiale du groupe Spectris plc (instrumentation de précision et de contrôle), la société est leader mondial des solutions pour la mesure, l'enregistrement et l'analyse du bruit et des vibrations. Elle est présente dans 55 pays au travers de 26 filiales et emploie 1150 personnes (grosse proportion en R&D). B&K est présent sur de nombreux marchés : aéronautique, défense, automobile, aéroports, télécommunications, Wind Energie (éoliennes), biens de consommation, bruit et vibrations au travail et dans l’environnement.
B&K joue un rôle essentiel dans le monde de la vibro-acoustique et s’est illustrée par de nombreuses « premières fois ». La société fabrique et développe des instruments de précision et maitrise la totalité de la chaîne de mesure : capteurs (microphones et accéléromètres), systèmes de conditionnement et d’analyse, logiciels de post-traitement. En France,  Bruel & Kjaer dispose d’un laboratoire d’étalonnage (accrédité COFRAC, pour la vérification des matériels) et d’un centre de formation agréé. Les bureaux, situés en Bretagne, dans la région toulousaine, en Rhône-Alpes et en Alsace, permettent une très bonne couverture nationale. Une cinquantaine de personnes y travaillent.

Prév - Vous participez depuis longtemps aux Congrès/Salons Préventica. Avec quels types de produits ?
E.G.- C’est surtout notre offre dans le domaine du bruit et des vibrations au travail et dans l’environnement que nous présentons à Préventica. Il s’agit de solutions plus particulièrement destinées à la préservation de la santé (bruit au travail, vibrations transmises au système main-bras ou au corps entier…), à l’acoustique du bâtiment, à la surveillance des sites industriels, aux gênes des riverains et à la cartographie des bruits à l‘échelle de la ville… Notre activité de formation complète l’offre par des formations inter ou intra-entreprise dans les domaines de la mesure de l’acoustique et des vibrations, pour les préventeurs, médecins et infirmier(e)s du travail, responsables HSE…

Prév - En effet, bruits et vibrations sont des nuisances responsables de nombreux problèmes de santé au travail. Pourtant, c’est un domaine qui a longtemps été peu ou mal pris en compte dans les entreprises. Où en est-on aujourd’hui ?
E.G. - Bruits et vibrations sont à l’origine de pathologies diverses, surdité professionnelle et TMS pour les plus graves, que le monde de l’entreprise ne peut plus ignorer.
La réglementation est précise sur le sujet. La première directive européenne « Bruit » date de mai 19861. Puis les textes réglementaires ont considérablement évolué avec les directives « Vibrations » de 2002 (2002/44/CE) et « Bruit » de 2003 (2003/10/CE) : cette dernière, diminuant les seuils d’action et instaurant une valeur limite d’exposition2, a permis de rapprocher les deux directives et surtout, d’intégrer l’acoustique dans un ensemble cohérent de directives sur la santé et la sécurité au travail. Enfin, 2011 voit l’arrivée d’un décret qui précise la liste des facteurs de pénibilité auxquels sont soumis les travailleurs3 : l’exposition au bruit compte maintenant parmi les facteurs d'environnement agressif et l'exposition aux vibrations parmi les facteurs de contrainte physique.
Tout le monde est au courant des risques et la prise de conscience s’accompagne de mesures de prévention précises dans les entreprises. Au préalable, elles souhaitent bien sûr savoir à quoi elles exposent leurs salariés et identifier ceux qui sont en danger. Ainsi, la demande d’appareils de mesure ne cesse de croître notamment dans les secteurs du bâtiment et de l’industrie, particulièrement concernés. Une étude de l’INRS, par exemple, révèle que les cas de surdité déclarés augmentent dans le BTP (166 cas en 2009, 23 % de plus qu’en 2008). Mais, le bruit et les vibrations touchent tous les secteurs d’activité !

Prév - Il est vrai que si le bruit est présent partout, cela semble moins évident pour les vibrations. Et pourtant, les deux sont généralement associés. Pour quelle raison ?
E.G. - Un phénomène physique justifie cette association. Le bruit ne peut pas exister sans les vibrations. En effet, un objet qui fait du bruit vibre. Attention : les deux types de danger ne sont, eux, pas toujours associés. Dans les entrepôts, les opérateurs sont surtout exposés à des vibrations (il y a peu de bruit, mais ils conduisent des chariots élévateurs). Autre exemple, dans le bâtiment, l’utilisateur d’un marteau-piqueur est soumis aux bruits et aux vibrations alors que ses collègues aux alentours ne sont exposés qu’aux bruits.
Mais pour faire simple, dans de nombreux secteurs d’activité, l’industrie automobile notamment, un même service regroupe cette double compétence.

Prév – Est-ce le cas chez Brüel & Kjaer ?
E.G. – Dans notre palette de solutions pour l’acoustique et les vibrations, les produits sont très différents suivant qu’il s’agit d’un service R&D d’un constructeur automobile, de machines tournantes ou de matériel ferroviaire, ou bien qu’il s’agit d’un Service de Santé au Travail.
Dans le premier cas, il s’agit du département « Industrie » et l’on a souvent besoin d’un nombre important de points de mesurage analysés simultanément (instrumentation multivoie) alors que dans le domaine de l’évaluation du risque ou des nuisances, il s’agira du département environnement, on aura plutôt besoin d’une flotte de matériels monovoies (des exposimètres de bruit individuels par exemple). Bien qu’il s’agisse de bruit dans les deux cas, l’instrumentation utilisée sera différente, les besoins étant différents.  
C’est le département « environnement » qui conçoit des exposimètres de bruit ou des sonomètres (on traitera différemment le cas d’un salarié mobile et celui d’un salarié immobile) de même qu’il met au point des systèmes pour le mesurage des vibrations transmises à l’homme (au système mains/bras ou au  corps entier via le siège) conformes à la réglementation en vigueur.

Prév - Quels types de solutions proposez-vous et pour qui ?
E.G. - Dans sa finalité, l’offre des deux départements est analogue. Nous concevons, commercialisons et installons les capteurs, les appareils de mesurage, les logiciels nécessaires au stockage et au post-traitement des données acoustiques et vibratoires. Nous formons également les personnels des entreprises ou des services de santé à l’utilisation des matériels par des stages ou des mises en route, assurons la maintenance et la vérification des appareils.
Nos clients sont des bureaux de contrôle et d’études, des services HSE, des services de santé au travail, des organismes (CARSAT, INRS, organisations professionnelles…), des établissements d’enseignement, des industriels, des collectivités…

Prév - Quels sont vos atouts ?
E.G. - Notre force réside dans notre capacité à fournir des solutions complètes à nos clients. Par ailleurs, nous sommes reconnus pour la fiabilité et la qualité de nos matériels, notamment des microphones (capteurs) développés par notre usine du Danemark. Forts d’une très longue expérience, nous avons intégré les évolutions des quarante dernières années et couvrons aujourd’hui tous besoins des entreprises en matière de métrologie du bruit ou des vibrations. Cette expérience et cette expertise nous permettent même d’être présents dans de nouveaux domaines : les éoliennes par exemple.

Prév - Vous étiez présent à Préventica Lyon pour présenter vos nouveautés. Dites-nous en un peu plus.
E.G. - Notre département R&D travaille à une évolution constante de nos matériels et de nos logiciels. Les visiteurs pourront découvrir une quinzaine de solutions, parmi les plus innovantes du marché, sur notre stand.
Et le Congrès/Salon a été l’occasion de présenter un nouvel exposimètre de bruit, le « 4448 »4, plus compact et léger (71 grammes !) que ses prédécesseurs tout en étant doté d’un écran. Fixé directement sur l’épaule du salarié, sans câble, il préfigure une nouvelle génération d’appareils de mesure. Nous avons choisi Préventica pour le dévoiler au public français, car nous connaissons la valeur de l’événement : nous y rencontrons un grand nombre de professionnels particulièrement sensibilisés aux problématiques du bruit et des vibrations.

 

1 Transposée en droit français en 1988
2  Transposée en droit français par le décret 2006-892 du 19 juillet 2006
3  Un plan de prévention de la pénibilité sera obligatoire dans les entreprises de + de 50 salariés à compter de janvier 2012 
4  L’exposimètre 44-48 est candidat au Prix de l’Innovation de Préventica Lyon