Denis GARNIER - FO SANTE : « Raconter » le travail dans les hôpitaux et les cliniques

« Raconter » le travail dans les hôpitaux et les cliniques

|| Etablissements de santé
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11/04/2012
Denis GARNIER - FO SANTE
Denis GARNIER
Chargé du secteur de la prévention des risques et des conditions de travail des personnels hospitaliers
FO SANTE
Denis Garnier est chargé du secteur de la prévention des risques et des conditions de travail des personnels hospitaliers pour la fédération Force Ourvière. Il siège entre autres au comité technique de la Caisse nationale d’assurance maladie. Il revient pour nous sur les difficiles conditions de travail des personnels de santé et les évolutions attendues.

Dessinateur dans un bureau d’études hospitalier, Denis Garnier est devenu syndicaliste au niveau local, départemental, régional puis national. Écrivain, auteur d’un blog pour FO-santé, il est aujourd’hui chargé du secteur de la prévention des risques et des conditions de travail des personnels hospitaliers pour cette même fédération. Il siège également à la commission CHSCT du Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière et au comité technique de la Caisse nationale d’assurance maladie. Il revient pour nous sur les difficiles conditions de travail des personnels de santé et les évolutions attendues, débats qu’il a lui-même ouverts lors des conférences qu’il anime aux Congrès de Préventica.


Préventica - Quel est le rôle joué par FO-santé dans le débat actuel des conditions de travail ?

Denis Garnier - FO-santé représente un secteur qui compte 1,5 million de salariés dans les cliniques, hôpitaux, maisons de retraite, établissements sociaux et médicaux sociaux… À ce titre, sa voix est importante dans la défense des intérêts des personnels du secteur. Elle œuvre notamment à faire connaître la réalité des conditions de travail dans la fonction publique hospitalière, préjudiciable à la santé des professionnels et à celle des malades. Par exemple et selon les médecins du secteur, en réorganisant les urgences, on pourrait éviter 1 000 morts par an !

Prév. - La santé au travail est-elle votre principale revendication actuellement ?
D.G. - Assurément ! La situation des personnels de santé au regard des conditions de travail et d’emploi est difficile, dans tous les secteurs de la santé. Plusieurs réformes visant la rationalisation managériale dans les établissements de santé ont abouti à un durcissement budgétaire, une réduction du personnel qualifié, entrainant de fait, une augmentation des accidents du travail, des maladies professionnelles, des pathologies liées au stress et à l’épuisement… L’absentéisme prend des proportions énormes : on estime à 95 000 le nombre de personnes absentes de leur poste chaque jour pour raisons de santé.
Paradoxalement, la culture de prévention est absente des établissements de soins. Notre rôle est donc de pallier ce manque, de provoquer la synergie des compétences pour que, au-delà des effets d’annonce et des outils créés, mais sous-utilisés, la situation se débloque.

Prév. - De quels outils parlez-vous ?
D.G. - Les accords de novembre 2009, le guide de prévention des RPS dans la Fonction publique (FO participe à son élaboration) sont des outils dans le sens où ils apportent une méthodologie aux employeurs. La démarche est positive. Les pouvoirs publics, les employeurs, les organisations syndicales travaillent de concert à l’élaboration de dispositifs qui vont vraiment dans le bon sens : évocation des RPS, de la pénibilité, l’accréditation en cours d‘élaboration par la Haute Autorité de Santé prendra en compte la qualité des conditions de travail dans l’offre de soins. Mais encore faut-il qu’ils soient accompagnés de véritables moyens pour être applicables.

Prév. -Que peut faire le syndicat à son niveau ?
D.G. - FO-santé est partie prenante de l’ensemble des actions qui conduisent à l’amélioration des conditions de travail : convaincre les pouvoirs publics de donner des moyens supplémentaires, apporter des connaissances aux salariés, développer leur prise de conscience sur les difficultés et la réalité des choses, développer le respect à tous les niveaux, car l’hôpital est devenu une zone franche, une zone de non-droit ! Notre force est d’être très ancrés dans la réalité du terrain : nous sommes ainsi à même de faire remonter les expériences, « raconter » le travail dans les hôpitaux et les cliniques dans ses bons et ses mauvais côtés.

Prév. - C’est le sens de votre présence à Préventica ?
D.G. - FO-Santé participe en effet à Préventica, car le Congrès/Salon est devenu le rendez-vous de ceux qui veulent améliorer les choses ! Nous voulons porter notre point de vue partout où l’on parle de risques professionnels. Nous animons des conférences dans lesquelles nous racontons très concrètement, à partir de témoignages, la vie de l’hôpital, des maisons de retraite, des cliniques… Ainsi, en début d’année à Bordeaux, nous avons développé les thématiques de l’approche globale et intégrée des risques dans les établissements de santé (en collaboration avec Préventique Sécurité), de la prévention des risques dès la conception des bâtiments (à partir d’un retour d’expérience de l’hôpital de Carcassonne). Nous avons aussi abordé les conséquences de l’économie sur le monde du travail.
Notre propos est de profiter de cette tribune exceptionnelle d’expression pour donner des exemples concrets de démarches qui fonctionnent. Parler des problèmes, non pas pour être alarmiste, mais pour donner envie aux employeurs d’investir dans la prévention, une affaire rentable !