Nadim FARES - Fonds National de Prévention CNRACL : Les risques psychosociaux n’épargnent plus les services publics

Les risques psychosociaux n’épargnent plus les services publics

ORGANISATION DE LA PREVENTION || Maladies professionnelles
/
06/05/2013
Nadim FARES - Fonds National de Prévention CNRACL
Nadim FARES
Responsable
Fonds National de Prévention CNRACL
L'enquête SUMER publiée en février 2013 révélait que près du quart des salariés de la fonction publique signalait avoir été victime d'un comportement hostile au travail. Plus de 30% estimaient ne pas être suffisamment soutenus par leur hiérarchie. Comment apporter des réponses adaptées aux nouvelles donnes du travail dans la fonction publique ? Nadim Farès, responsable du Fonds national de Prévention de la CNRACL, apporte son éclairage.

Quel état des lieux des risques psychosociaux dans la fonction publique dressez-vous aujourd’hui ?
Les risques psychosociaux (RPS), signes des transformations profondes du travail en général, n’épargnent pas aujourd’hui les services publics. Les données les plus pertinentes figurent dans l’enquête « Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels » (SUMER) réalisée par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES1).
On y découvre notamment, en ce qui concerne la fonction publique hospitalière mais aussi les autres fonctions publiques, que les nouvelles technologies, les contraintes horaires, l’intensité du travail, le poids individuel des erreurs commises sont des facteurs importants de difficultés et donc des sources de pathologies pouvant entrer dans le champ des RPS.

Quels sont les principaux facteurs qui ont généré cette recrudescence des risques psychosociaux dans la fonction publique ?
Les réformes successives de modernisation de l’administration ont modifié le rapport qu’avaient les agents avec leur activité constituant ainsi des facteurs de déstabilisation. Leur impact peut être envisagé selon trois niveaux touchant aux spécificités de la fonction publique.
Le premier niveau concerne l’évolution de la notion d’intérêt général avec le passage d’une logique de « service public » à une conception de « service du public », qui se traduit par la montée en puissance du souci de l’usager ou du patient, assorti de fortes exigences.
Un second niveau touche aux mutations qui bousculent le statut de la fonction publique. Se voyant demander compétences, capacités d’adaptation et d’initiative ainsi que mobilité personnelle et professionnelle, l’agent public n’a plus grand-chose à voir avec le fonctionnaire, avançant automatiquement à l’ancienneté et garanti totalement dans son emploi.
Enfin, dernier niveau d’impact qu’il faut prendre en compte, l’introduction dans l’administration de techniques de management empruntées aux entreprises.

Quelles solutions peuvent être mises en oeuvre, et avec quels moyens ?
Le FNP met à disposition des employeurs publics une information ainsi que des moyens pour prévenir les RPS. Un groupe de travail, mis en place par le FNP et animé par Sciences Po Bordeaux, a réuni entre octobre 2012 et février 2013 des représentants des fonctions publiques territoriale et hospitalière et des experts en matière de santé au travail, notamment dans le domaine des RPS.
Ce groupe de travail a proposé trois « points de vigilance » pour mieux appréhender les RPS.
Le premier touche aux cultures professionnelles et aux rapports positifs, ou négatifs, que les personnels entretiennent avec les activités qui leur sont confiées. Ces deux éléments constituent le « sens » du travail. Tout changement dans le travail qui n’en tiendrait pas compte, conduirait inéluctablement à des comportements se manifestant souvent dans ce qu’on dénomme des «risques psycho-sociaux ».
Le management, second point, placé au cœur des mutations du service public, doit intégrer les dimensions positives du travail afin de répondre aux exigences contemporaines de l’organisation.
Enfin, pour assurer la meilleure « qualité de vie au travail » possible, il convient de mettre l’accent sur les instances et procédures qui, dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière, sont des moyens pour construire une forme « d’intelligence collective » du travail.


En savoir plus