Patrick DOS - MUTUELLE NATIONALE TERRITORIALE : Nous avons un rôle à jouer en ce qui concerne l’évolution de la santé au travail dans les collectivités

Nous avons un rôle à jouer en ce qui concerne l’évolution de la santé au travail dans les collectivités

|| Fonction Publique
/
20/01/2012
Patrick DOS - MUTUELLE NATIONALE TERRITORIALE
Patrick DOS
Vice-président
MUTUELLE NATIONALE TERRITORIALE
Dans le domaine de la santé au travail, la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT) joue un rôle important dans l’évolution de la prévention des risques professionnels au sein des collectivités. Patrick Dos, vice-président de la MNT, nous explique son positionnement et revient sur le « Prix Santé au Travail de la Fonction publique territoriale ».


Préventica - Pouvez-vous nous présenter la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT) ?

Patrick DOS - La Mutuelle Nationale Territoriale est une mutuelle professionnelle, née en 1964 de la fusion des mutuelles de villes et gérée par des agents territoriaux élus et bénévoles. Je suis moi-même retraité de la Fonction publique territoriale (FPT), ce qui me permet d’avoir une vision très large du métier : du point de vue des usagers et de celui des prestataires.
Nous sommes accompagnés dans nos missions par des professionnels qui assurent le bon fonctionnement des services des 83 sections départementales (France métropolitaine et DOM) et 1 500 conseillers de section élus à l’écoute des adhérents. La MNT compte aujourd’hui 752 000 adhérents (1 120 000 personnes protégées) sur 1,8 million d’agents territoriaux que compte que la FPT. Elle est la première mutuelle de la Fonction publique territoriale.

Prév. - Quel est son positionnement auprès des collectivités ?
P.DOS - Une mutuelle a la possibilité d’agir selon deux axes. Le premier, inhérent à notre cœur de métier, consiste à encaisser les cotisations et reverser des prestations (complémentaires santé, garantie de maintien de salaire…).
Le rôle de la MNT, et c’est là toute notre différence, va bien plus loin. En tant qu’acteur de la Fonction publique territoriale nous avons également un rôle à jouer en ce qui concerne l’évolution de la santé au travail dans les collectivités. Nous pouvons intervenir à plusieurs niveaux : prévention de la santé en général, prévention et traitement de l’absentéisme (aide à un retour durable au travail, aménagement du poste, reclassement…). La FPT compte plus de 250 métiers différents. Les métiers à risque y sont donc plus nombreux que dans d’autres secteurs d’activité et certaines professions ont de réelles conséquences sur la santé des agents. Notre propos, expliquant de fait notre rapprochement avec Préventica, est de mettre la prévention de tous les risques et la santé de tous les agents au premier plan des préoccupations.

Prév. - De quelle manière agissez-vous ?
P.DOS - Nous avons, par exemple, mené récemment une étude sur les métiers de la petite enfance dans la Fonction publique territoriale. Les arrêts de travail y sont plus nombreux qu’ailleurs et le taux d’absentéisme important. Nous avons essayé de déterminer à partir de quel âge survenaient les problèmes afin de proposer aux collectivités des outils et méthodes permettant les évolutions de carrière : reconversion, passage de concours… Mais, avant toute chose, il est nécessaire de mettre en place des indicateurs précis en amont. Pour ce faire, la collectivité a souvent besoin d’être accompagnée et c’est ce que nous faisons.  

Prév. - Est-ce ce même souci d’engagement qui a guidé la création du « Prix Santé au Travail de la Fonction publique territoriale » ?
P.DOS - Oui bien sûr. Durant les dernières années, nous avons constaté une plus grande sensibilisation de la FPT à la prévention des risques, encore accrue avec la signature de l’accord sur la santé et la sécurité au travail dans les 3 fonctions publiques du 20 novembre 2009. Dans le même temps, l’absentéisme a augmenté. Il atteint aujourd’hui 8 % (15 % dans les grandes collectivités, 3,5 % dans les petites). La question s’est donc posée de savoir comment limiter, voire inverser cette tendance. De fait, il a fallu s’interroger sur la santé au travail. Les carrières sont plus longues, la population active a vieilli (fort recrutement des années 80 dans la FPT), 77 % des agents de la Fonction publique territoriale occupent des postes de catégorie C (davantage soumis aux risques physiques), les incivilités des usagers et le stress augmentent… La nécessité d’agir pour réduire la pénibilité et préserver la santé des agents territoriaux est devenue une évidence pour tout le monde. Mais que faire ?
Nous avons donc souhaité mettre en lumière des actions déjà mises en place dans les collectivités. Objectif : faire connaître et reconnaître les actions de prévention et de bien-être au travail, favoriser des échanges entre les différentes collectivités.

Prév. - Quel est le bilan de cette première édition ?
Très positif. 34 collectivités ont répondu à l’appel et présenté leurs actions. Nous avons récompensé cinq d’entre elles (3 prix, 2 mentions spéciales). Je suis particulièrement surpris de la qualité des dossiers et de la très grande variété des actions. Ceci prouve le dynamisme des collectivités et l’étendue des possibilités d’actions, quelle que soit la taille de la structure : de toutes petites collectivités ont présenté des actions particulièrement pertinentes.

Prév. - Pouvons-nous revenir sur les trois prix décernés. Qu'est-ce qui a fait la différence ?
P.DOS - Plusieurs éléments ont retenu notre attention : la pertinence de l’action, le caractère innovant et original des démarches participatives et les résultats bien sûr !
Montataire dans l’Oise (320 agents pour environ 20 000 habitants) a ainsi pris conscience des difficultés au travail des personnels des écoles maternelles (apparition de pathologies liées à l’âge, absentéisme, TMS…) : à partir d’un état des lieux précis, ces derniers ont bénéficié d’un suivi à long terme, de formations préventives « bons gestes et bonnes postures », de l’installation d’un mobilier plus adapté…
Autre structure récompensée : la collectivité de Villeurbanne (plus de 2 000 agents). À l’honneur : la prévention des risques psychosociaux. Le parti pris a été d’observer et comprendre le malaise des agents afin de leur apporter une réponse probante. La démarche illustre une manière de développer une approche collective à partir de l’étude de cas particuliers.
La ville de Clermont-Ferrand a, quant à elle, choisi de porter ses efforts sur une réduction de la pénibilité au travail. À partir d’une tentative de rapprochement des risques à la fois physiques et psychiques, les préventeurs se sont intéressés à l’absentéisme, à l’ergonomie des lieux de travail, au bien-être professionnel…
Mais ceci ne constitue qu’une infime partie de ce qu’il est possible de faire. Nous aurions pu décerner beaucoup d’autres prix, tant le dynamisme et l’inventivité des collectivités sont importants.

Prév. - Preuve en est d’ailleurs votre propos au Congrès/Salon Préventica de Bordeaux. Vous avez choisi d'illustrer la problématique des risques chez les personnels de l’aide à domicile à partir de l’action d’une collectivité. Expliquez-nous.
P.DOS - Il s’agit de la démarche proposée par un centre intercommunal d’action sociale qui, en outre, n’a pas concouru au Prix Santé au travail. Démarche somme toute intéressante, car elle concerne une catégorie de travailleurs particulièrement vulnérable et difficile à appréhender. Le métier de l’aide à domicile s’exerce chez des particuliers rendant l’encadrement malaisé. Il est physiquement pénible, exercé ordinairement avec un matériel inadapté, et il est peu valorisant. Par ailleurs, il concerne le plus souvent des femmes seules qui ont pris cet emploi par nécessité : difficile alors de parler de bien-être au travail.
Il nous semblait essentiel de mettre cette démarche en avant, car elle nous a permis de prendre du recul sur la situation des personnels : nous voulons partager cette expérience avec les employeurs et les agents de la Fonction publique territoriale présents à Préventica. L’action présentée illustre une manière différente d’envisager les choses dans le métier de l’aide à domicile : il est possible de réfléchir à certains aménagements des logements, envisager des formations et des actions de sensibilisation à l’encontre des agents et des utilisateurs de services…