Karima Delli - PARLEMENT EUROPEEN : Pour que l’on ne perde plus sa vie à la gagner, l’Europe a un rôle à jouer

Pour que l’on ne perde plus sa vie à la gagner, l’Europe a un rôle à jouer

|| Santé au travail / Conditions de travail
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03/12/2013
Karima Delli - PARLEMENT EUROPEEN
Karima Delli
Députée européenne
PARLEMENT EUROPEEN
Députée européenne élue en 2009, militante de collectifs militants tels que "Jeudi Noir” en faveur du droit au logement pour tous ou de "Sauvons les Riches" qui prône l’instauration d’un revenu minimum et d’un revenu maximum européens, Karima Delli a consacré une large part de son mandat à œuvrer en faveur de l’amélioration des conditions de travail, en France et en Europe.

Vous êtes membre de la commission emploi et affaires sociales au parlement européen, quels sont les principaux travaux auxquels vous participez actuellement ?
Je participe à la création d’un nouveau Fonds européen d’aide aux plus démunis, qui permettra de financer aide alimentaire et accompagnement social à des millions de personnes. Il sera doté d’un budget de 500 millions d’euros par an, ce qui n’est pas rien en ces temps de rigueur budgétaire. Nous mettons aussi sur pied un Programme européen en faveur de l’Emploi et de l’Innovation sociale, EaSI, qui financera notamment des projets pour améliorer les conditions de travail. Il facilitera aussi l’accès au microcrédit pour les entreprises sociales, les chômeurs, les jeunes. Je m’investis aussi beaucoup dans la rédaction d’un rapport sur les inspections du travail, qui formule des propositions afin de développer la prévention et lutter contre les fraudes sociales. Les Européens doivent travailler ensemble pour s’attaquer à ces problèmes.

Sur le sujet des conditions de travail, de quel projet êtes-vous la plus fière ?
Mes collègues eurodéputés m’ont fait confiance pour piloter le travail du Parlement concernant le renouvellement de la Stratégie européenne pour la santé et la sécurité au travail. J’ai rédigé puis négocié pied à pied un rapport qui expose les réussites et les failles de cette Stratégie, et qui fait des propositions concrètes pour le futur. Chaque pays européen, mais aussi les institutions européennes elles-mêmes, doivent jouer un rôle  moteur à leur niveau, et les syndicats comme les travailleurs doivent être associés. Par exemple, nous demandons à la Commission européenne une législation pour protéger les lanceurs d’alerte. Si je suis fière du résultat obtenu, je regrette que le manque de volonté politique de nombreux États empêche de mettre en œuvre rapidement les propositions les plus urgentes. La Commission européenne a déjà renoncé à publier sa directive sur les troubles musculo-squelettiques, alors que le phénomène touche de plus en plus de travailleurs.

Quels sont vos engagements et prochains combats pour les années à venir ?
Plusieurs dossiers doivent être pris à bras le corps par le législateur européen, c’est-à-dire les Gouvernements européens d’une part, le Parlement européen d’autre part. Pour stopper le dumping social, je vais tout faire pour qu’enfin nous obtenions la mise en place d’une responsabilité conjointe et solidaire de chaque entreprise dans la chaîne de sous-traitance. Sur un chantier, le donneur d’ordres, souvent un géant du BTP, doit être tenu pour responsable si l’un de ses sous-traitants fraude, ce qui renforcera énormément les efforts de prévention. Par ailleurs, la directive sur le temps de travail va être révisée afin de prendre en compte les jugements de la Cour de Justice européenne. C’est l’occasion de mettre fin aux exemptions accordées à certains États peu scrupuleux d’exploiter leurs travailleurs : 48h de travail maximum par semaine, pas 65h, c’est une question de dignité !