Sylvie de Gil - Jomsy Marketing : Pour l’épanouissement des personnes autistes en entreprise

Pour l’épanouissement des personnes autistes en entreprise

MANAGEMENT RH / QVT ||
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19/06/2024
Sylvie de Gil  - Jomsy Marketing
Sylvie de Gil
Conseillère et coach en entreprenariat pour personnes à Haut potentiel
Jomsy Marketing

À l’échelle du monde du travail, l’intégration des personnes autistes relève en France autant du défi essentiel que du tabou. Sylvie de Gil, coach en entreprenariat pour les personnes à Haut potentiel, conseille régulièrement les entreprises dans le recrutement de ces profils, injustement sous-estimé. Selon elle, la clé se trouve davantage dans l’adaptation de l’entreprise, que dans la prétendue bonne volonté des candidats concernés.

À quels obstacles se confrontent régulièrement les personnes autistes au travail ?
Avant d’aller plus loin, rappelons une chose importante. Il y a autant d’autismes différents qu’il y a de personnes autistes. Tous ne souffrent pas de la même chose. Nous pouvons néanmoins citer des points chauds : les tissus sur la peau en cas de port d’uniforme ou tenue réglementaire ; le bruit répétitif ou intense est difficile à supporter ; tout comme la routine. Généralement, considérez qu’une personne autiste a du mal à changer ses habitudes brusquement. Ne la bousculez pas. Souvent donc, le chef pose problème (rires). Enfin, le plus cristallisant, les relations sociales informelles (fêtes, pots, pause café, ndlr) se révèlent bien souvent impossibles. Voilà l’horizon global du mal-être des autistes en entreprise.  

Que peut faire l’employeur ou l’entreprise pour faciliter leur intégration ?
Le vrai problème est donc que c’est difficile pour elles de se calquer sur des pratiques de travail qui sont souvent très codifiées, stéréotypées. Il y a un problème d’adaptation dès le départ. Moi j’insiste : il faut faire très attention à l’environnement de travail. Si vous comptez embaucher une personne autiste, il faut aménager votre organisation de travail en fonction du profil concerné. Mais en réalité, ce devrait être le cas même en l’absence d’autisme : aménager un espace de travail en fonction de la personne aspirante (mal de dos, handicaps etc.). ça règlerait beaucoup de problèmes. Le premier pas étant d’échanger profondément avec le candidat pour définir la nature de son trouble et donc de ses difficultés. Ce recrutement doit être pensé en amont en termes d’aménagement des horaires ou des locaux. J’encourage les RH à se former sur la question, et les collaborateurs à se sensibiliser. Car derrière l’autisme il y a des souffrances réelles et profondes.   

Vous luttez au quotidien contre les idées reçues liées au trouble autistique. Le monde professionnel est-il également concerné ?
Tout n’est pas que négatif. Une personne autiste peut être un vrai atout pour son entreprise.  L’avantage, c’est qu’elle est souvent « focus », concentrée, déterminée à la tâche. En général rapide, elle peut aussi être force de proposition, car très créative, mais également se révéler être une grande source d’appui pour ses collègues. Bien-sûr que les personnes autistes ont une grande capacité de travail, et donc une grande productivité. On les considère encore à tort comme des poids, qui ne seraient pas vraiment des travailleurs. Ce sont parfois d’excellents profils. Mais évidemment, il faut les laisser travailler.

Vous n’avez pas peur de dire aux personnes concernées d’oser se lancer en solo ?
Certains autistes sont très rapides, d’autres plus lents. Face à toutes les difficultés, leur talent ne disparaît pas. Le travail en « remote » (à distance, en télétravail ndlr) peut déjà leur permettre de s’épanouir au travail, et même d’occuper des postes à responsabilité. En tout cas la donne a changé. C’est à l’entreprise de s’adapter au travailleur, de le mettre dans les meilleures conditions. Mais comme je le soutiens souvent. Les personnes autistes peuvent être de grands entrepreneurs, car ils sont seuls avec eux même, ayant toute la latitude d’appliquer leurs idées et approfondir. C’est ma vocation aujourd’hui, encourager ces profils qui ont du mal à s’adapter, à se lancer.

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