Eric BABUSIAUX - CRAM ALSACE-MOSELLE : En matière de travaux en hauteur, la priorité est à la protection collective.

En matière de travaux en hauteur, la priorité est à la protection collective.

||
/
01/05/2007
Eric BABUSIAUX - CRAM ALSACE-MOSELLE
Eric BABUSIAUX
Ingénieur Conseil
CRAM ALSACE-MOSELLE


En quelques mots, pouvez-vous nous expliquer quels sont les principaux risques auxquels sont confrontés les salariés lorsqu'ils travaillent en hauteur ?

Les travaux en hauteur concernent tous les métiers du BTP et l'ensemble des professions liées à la maintenance industrielle et à la maintenance des bâtiments.
Le risque de chute avec dénivellation constitue, avec le risque routier, la première source d'accidents mortels dans le BTP et la seconde dans tous les autres métiers.
Ainsi, le risque de chute de hauteur est celui qui provoque le plus d'accidents graves et qui engendre, en plus des drames humains, les coûts les plus importants pour l'Assurance Maladie. Il s'agit ici du risque de chute avec dénivellation sans limite de hauteur, car il faut savoir qu'une chute peut être extrêmement dangereuse à 50 cm du sol.

Plus précisément, les chutes avec dénivellation ont représenté en France 13% des accidents du travail avec arrêt en 2005 (18% dans les métiers du BTP). Nous avons également dénombré, cette même année, 48 décès liés à des chutes.

Les autres risques auxquels sont confrontées les personnes travaillant en hauteur sont les difficultés de manutention, les difficultés d'accès et les postures contraignantes entraînant des problèmes physiques tels que les lombalgies ou les dorsalgies.
Il est donc fondamental que l'organisation du travail et du poste soit adaptée à la tâche effectuée.

Enfin, il me semble important de souligner que les chutes de grande hauteur, en extérieur ne sont pas les seules chutes provoquant des accidents graves. Il convient d'ajouter à cela les chutes d'échelles, d'escabeaux qui représentent une part non négligeable des accidents.


Face à ce constat, quelle politique de prévention adopter ? Et quelles sont les recommandations de la Cram en la matière ?

Le cadre réglementaire relatif aux travaux en hauteur a été bien précisé par le décret du 1er septembre 2004. Il préconise la protection collective par rapport à la protection individuelle, c'est à dire qu'il impose l'utilisation de garde-corps complets placés à une hauteur comprise entre 1 m et 1,10 m et comportant un moins une lisse, une sous-lisse à mi-hauteur et une plinthe de butée de 10 à 15 cm.
Ce décret restreint également l'emploi d'échelles, escabeaux et marchepieds et ne permet leur utilisation que dans les cas où l'utilisation d'une protection collective est impossible.

Par ailleurs, l'évaluation des risques montre que la protection collective est à préférer aux protections individuelles, qui présentent de nombreux inconvénients : elles ne sont pas confortables, présentent une gêne dans la réalisation des tâches et exigent une grande rigueur quant à leur port. D'où l'intérêt de privilégier des protections collectives telles que les échafaudages sur pieds, les échafaudages roulants ou encore les nacelles. Il existe, en effet, un grand nombre de solutions techniques adaptées à la plupart des situations.


Est-il possible de mesurer les évolutions des comportements suite à l'entrée en vigueur de ce Décret ?

Nous avons par exemple remarqué, sur la région, davantage d'échafaudages sur les chantiers de maisons individuelles.
Le développement des garde-corps à montage en sécurité collective, recommandés par la CRAM, permet le montage des échafaudages de manière plus sûre. Il s'agit d'une véritable prise de conscience collective de l'importance de sécuriser les chantiers et d'améliorer ainsi les conditions de travail des ouvriers.

De plus, nous avons constaté une évolution importante chez les fournisseurs. Le matériel est plus performant, notamment en ce qui concerne les plateformes individuelles roulantes. D'une façon générale, il est plus facile à transporter, à installer et à utiliser, ce qui nous amène à penser que la réglementation accélère l'évolution du matériel technique.

A ce titre, l'atelier " Travaux de couverture " qui se déroulera dans le cadre de Préventica Strasbourg sera un exemple très intéressant d'analyse des risques en situations concrètes. Il portera, plus exactement, sur la mise en oeuvre en sécurité de protection collective (hors bas de pente) en pignon de bâtiment dans les travaux de toiture. A ne pas manquer lors de votre visite à Préventica...