Patrick LACONTE - COCA COLA ENTREPRISE : Le métier de préventeur est amené à changer

Le métier de préventeur est amené à changer

|| Santé au travail / Conditions de travail
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01/12/2009
Patrick LACONTE - COCA COLA ENTREPRISE
Patrick LACONTE
Responsable Sécurité et Santé au Travail France
COCA COLA ENTREPRISE

Le travail évolue, le métier de préventeur va devoir suivre ce mouvement et s’adapter. Patrick LACONTE, Responsable de la Sécurité et de la Santé au Travail chez Cola-Cola, tient compte de ces nouveaux paramètres dans son travail au quotidien. Déchiffrons avec lui ces enjeux, appliqués à une grande entreprise.

De quelle manière appréhende-t-on la prévention des risques chez Coca-Cola Entreprise ?
Nous avons une vision très européenne de la prévention. Comme dans beaucoup d’entreprises, nous sommes dans une phase de changement : il s’agit maintenant d’élaborer des programmes de management des risques s’appuyant sur des compétences locales pour répondre à des cibles et des objectifs européens. Nos actions, ancrées sur le moment présent, doivent avoir un effet sur le long terme, tenir compte des incidences sur la productivité, mieux identifier le risque et rendre l’opérationnel acteur. Cette manière de vivre la prévention donne des résultats : le taux de fréquence des accidents n’a jamais été aussi bas depuis 10 ans.

Quelles sont vos actions prioritaires pour les prochaines années ?
Sur un plan technique, nous allons nous intéresser de plus près aux valeurs limites d’exposition (CMR, bruit, éclairage,…), non plus pour les identifier, mesurer  et répondre aux exigences légales mais pour les supprimer ou apporter des améliorations significatives. Nous sortons également des systèmes de management trop contraignants : les process et les normes ont aidé la prévention des risques mais nous sommes sans doute allés un peu trop loin. Maintenant, il s’agit de rendre les procédures plus fluides, lisibles, opérationnelles et Européennes. A l’heure de l’Europe, les préventeurs doivent améliorer leur capacité d’échange avec leurs homologues européens : l’expérience de certains pays est à prendre en compte. Il est intéressant de comprendre pourquoi ça fonctionne (ou pas) pour adapter notre démarche.

L’actualité a mis le stress au travail au cœur des débats. Vous développez une approche beaucoup plus globale de cette problématique. Expliquez-nous ?
Le stress au travail ne doit pas être abordé en tant que tel car le corps de ne peut pas être dissocier de la tête. Il faut penser la prévention des risques dans son ensemble. Le métier de préventeur est appelé à changer. La santé (angle opérationnel) prendra une place importante dans son quotidien. Il sera garant d’un travail collaboratif entre diverses expertises, confronté à de nouvelles contraintes : maintien dans l’emploi des seniors, nouvelle génération de salariés et de préventeurs avec une perception du travail différente, départs en retraites massifs des médecins du travail non remplacés… Il est nécessaire de déchiffrer ces nouvelles situations de travail, de les lier à des situations personnelles parfois compliquées, pour comprendre les risques. Sans cela, il n’y aura pas d’efficience à long terme des actions réalisées et donc toujours des salariés en souffrance. Forts de ce constat, nous appliquons, en interne, des méthodes déjà existantes (INRS, CRAM, ARACT) en impliquant l’ensemble des acteurs locaux intervenants sur le site pour identifier et mesurer les pistes d'améliorations, selon les trois contraintes physiques, mentales et psychosociales. Nous sommes dans une phase de mise en œuvre de la méthodologie tenant compte de tous les paramètres de «l’humain au travail». Pour ce faire, le débat d’idées est primordial