Jérôme CHARDEYRON - CARSAT RHONE-ALPES : La sinistralité n’est pas toujours à l’image du risque défini dans les chiffres.

La sinistralité n’est pas toujours à l’image du risque défini dans les chiffres.

|| Accidents du travail / Maladies professionnelles
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01/12/2010
Jérôme CHARDEYRON - CARSAT RHONE-ALPES
Jérôme CHARDEYRON
Ingénieur Conseil Régional
CARSAT RHONE-ALPES

La Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail Rhône Alpes, ou CARSAT, est un organisme privé assurant une mission de service public autour de trois métiers : retraites, action sociale et risques professionnels. Concernant ces derniers, une double mission prévaut : la tarification des accidents du travail et maladies professionnelles, d’une part, et, de l’autre, la prévention des AT/MP, avec des actions spécifiques par secteurs d’activité.
La CARSAT Rhône-Alpes a en charge plus de 24 000 établissements et 2 millions de salariés. Elle reçoit 160 000 déclarations d’accidents du travail chaque année. A ce titre, la région pèse lourd dans les statistiques nationales. Jérôme CHARDEYRON, Ingénieur Conseil Régional de la CARSAT Rhône-Alpes, revient pour nous sur l’état des accidents du travail et maladies professionnelles pour l’année 2009, tout en ramenant ces statistiques à leur juste importance et préférant plutôt parler d‘axes de développement prioritaires dont le point d’orgue sera Préventica 2011, la Biennale de la prévention.



A l’image de l’ensemble des CARSAT, vous avez révélé les statistiques des accidents du travail et des maladies professionnelles pour l’année 2009. Quelle est la situation en Rhône-Alpes ?

Du point de vue de la simple prise en compte des statistiques, la région Rhône-Alpes compte 10% des salariés français et à peu près 10% des AT/MP. Mais, il faut relativiser l’importance des chiffres : il s’agit là d’un outil d’aide à définition des priorités pour la prévention. La sinistralité n’est pas toujours à l’image du risque défini dans les chiffres. Les partenaires sociaux, à qui nous exposons les statistiques, nous donnent des axes prioritaires parfois différents des secteurs les plus accidentogènes : je citerai, par exemple, le secteur du tri des déchets. L’organisation même de ces métiers (nombreux contrats d’insertion, sous-traitance, intérim) aboutit à une sous-estimation de certaines pathologies comme les TMS.
Pour revenir à la situation dans la région, nous sommes dans la moyenne nationale, à tous les niveaux. L’indice de fréquence des accidents du travail diminue, certes, mais nous observons une augmentation de la gravité de ces derniers. Plusieurs facteurs, tels la complexification du travail, l’appel régulier à sous-traitance, le vieillissement de population sont apparus cette année et rendent la prévention plus difficile. L’organisation du travail (recherche accrue de productivité et de rentabilité, densification du contenu du travail) diminue les marges de manœuvre et augmente le risque d’accidents et de maladies professionnelles. Ces dernières augmentent, notamment en raison de la forte déclaration des TMS et des cancers professionnels.

Sur quoi mettez-vous particulièrement l’accent ?
La CARSAT Rhône-Alpes mène, comme toutes les autres CARSAT, des actions dans quatre domaines de risques (risques routiers, cancers professionnels, TMS, risques psycho-sociaux) et trois secteurs d’activité (Grande Distribution, Intérim et BTP) définis au niveau national. Mais, nos spécificités socioéconomiques régionales nous portent à développer d’autres orientations : métallurgie, soins aux personnes en établissements de santé, aide à domicile, logistique, transport routier de marchandises, aéroports, agro-alimentaire, plasturgie. Deux thématiques transversales sont également à l’ordre du jour : la conception et le développement durable. Enfin, des actions sont engagées pour lutter contre la désinsertion professionnelle. A cet effet, l’assurance maladie est organisée pour que l’ensemble de ses acteurs travaille en commun et avec des partenaires régionaux, dans le respect des rôles et missions de chacun, pour prévenir les situations amenant les salariés à ne plus pouvoir reprendre le travail.
Notre particularité est d’avoir, depuis 10 ans, initié un travail avec l’ensemble des compétences régionales : nous avons signé des accords avec des partenaires tels que la DIRECCTE, l’ANACT, les Services de Santé, l’OPPBTP… Ensemble, nous avons créé un site Internet (risque-PME.fr), basé sur l’animation d’un Réseau Conseil et menons un travail collaboratif approfondi, en accord avec les partenaires sociaux, au service de la prévention des risques professionnels dans les entreprises. Les compétences de chacun doivent nous permettre maintenant d’agir, capitaliser et déployer des actions en phase avec le PST2 et en cohérence avec la réalité socio-économique de notre région.

Préventica devient une biennale en Rhône-Alpes. Quelle incidence a l’événement sur la situation des risques professionnels et du bien-être au travail dans la région ?
Préventica est un moyen privilégié de mobilisation de l’ensemble des acteurs régionaux. Tous les deux ans, une date butoir permet aux partenaires de s’engager concrètement sur un certain nombre de sujets prédéfinis. La biennale est un moteur qui rythme nos actions : cette situation est forcément favorable à la prévention des risques professionnels.
Partenaire majeur, la CARSAT se doit de mobiliser l’ensemble de ses réseaux et d’impulser une vraie dynamique régionale : Préventica est bien ancré dans la région et particulièrement attendu par les entreprises. Nous devons être à la hauteur de l’événement et rester vigilants, car il reste encore beaucoup à faire. D’autant plus que la société évolue : les entreprises ont pris conscience de l’importance de la prévention et les salariés n’acceptent plus de se faire mal au travail. Pour répondre à leurs attentes, nous devons aller encore plus loin dans le travail de réseau. C’est le ton que nous souhaitons donner à Préventica Lyon 2011 !