Éric Chalumeau - ICADE SURETIS : Il n’est plus possible de penser Risk Management sans penser sûreté

Il n’est plus possible de penser Risk Management sans penser sûreté

|| Sûreté - Malveillance
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10/11/2011
Éric Chalumeau - ICADE SURETIS
Éric Chalumeau
Directeur du Cabinet
ICADE SURETIS
Éric Chalumeau, Directeur du Cabinet Icade Suretis (société conseil en management des risques), Commissaire divisionnaire honoraire et Président du Syndicat du Conseil en Sûreté, est intervenu au Congrès Préventica Lyon


Éric Chalumeau, Directeur du Cabinet Icade Suretis
(société conseil en management des risques), Commissaire divisionnaire honoraire et Président du Syndicat du Conseil en Sûreté, est intervenu au Congrès Préventica Lyon. Professeur d’université, matière grise du futur Conseil en Sécurité Sûreté, il est particulièrement au fait de l’intégration de cette expertise dans les activités privées. Prônant son assimilation dans un système de management global, il revient également sur l’évolution de la société, conditionnant la nouvelle situation de la sûreté dans la sphère professionnelle et la place des Congrès/Salon Préventica pour accompagner ce changement.


Préventica – La conférence que vous avez animée à Préventica Lyon s’intitulait : « La sûreté, nouvel enjeu des entreprises et collectivités ». Pourquoi ce sujet ?

Éric Chalumeau – Plus qu’un enjeu, on assiste à l’émergence d’une nouvelle donne de la protection des biens et des personnes. Petit rappel de définition. On entend par « sûreté », la prévention, la gestion et la réduction des risques à caractère intentionnel, extérieurs à l’organisation. Par extension, la sécurité est plutôt relative aux risques intérieurs. Deux réalités sur le papier, mais qui dans les faits ne peuvent plus vraiment être dissociées. La frontière, extrêmement ténue, ne se justifie plus.
Depuis 1997, si les atteintes aux biens diminuent, les agressions qui concernent l’immatériel et les personnes augmentent. Une jurisprudence rendue récemment vient soutenir cette tendance et conforte la nécessité d’intégrer la sûreté dans le champ de la préventique. En effet, la SNCF a été condamnée à réparer le préjudice subi par un voyageur agressé par un second individu en état d’ébriété. On a reproché à l’entreprise un défaut de surveillance et d’organisation, entrainant sa mise en responsabilité. En outre, les événements du 11 septembre 2001 (les États-Unis ont créé des règles de portée forcément mondiale), l’explosion des transports, d’Internet et des nouvelles technologies, ont favorisé la mise en place d’une nouvelle réglementation relative à la sûreté (obligation pour les opérateurs de mener une étude dès la construction des bâtiments, de respecter de nouvelles normes) et l’apparition de nouveaux métiers.

P - Cette dernière doit-elle être désormais intégrée dans une démarche de management global des risques ?
ÉC - Il n’est plus possible de penser Risk Management sans penser sûreté. La législation incite à cette prise de conscience. Le manque en la matière est condamnable au mieux civilement, voire pénalement, et fortement attentatoire à l’image. De quoi faire réfléchir les entreprises et collectivités !
La sûreté ne peut plus être une expertise que l’on délègue à un prestataire. Elle reste néanmoins trop souvent reléguée à une fonction transversale, gérée indépendamment de la sécurité. Or, sa mise en place relève d’un changement profond de l’organisation et des habitudes. Son intégration est plus ou moins indispensable selon la nature des activités de l’entreprise. Toutefois, personne n’est épargné aujourd’hui. Pour ma part, je pense vraiment qu’une démarche globale est largement plus efficace.

P - Comment procéder concrètement ?
ÉC – Le Document Unique est, une fois encore, la clé de voute d’une démarche globale et cohérente. Celle-ci passe forcément par une revue précise des risques internes, mais aussi exogènes : prestataires, transporteurs, salariés, stagiaires… Toutes les situations de l’entreprise doivent être prises en compte (pas seulement celles liées à l’organisation et à la production). Des procédures confiées aux RH doivent couvrir l’ensemble en fonction du type d’activité et du degré de danger. L’assureur, arbitre du risque, appréciera cette formalisation et la négociation n’en sera que plus aisée.

P - Comment Préventica peut-il faire écho à cette évolution ?
ÉCLa nature même du Congrès / Salon Préventica en fait un lieu propice à une démarche de management global des risques. L’événement dispose de nombreux atouts. Préventica, en complément de matériels et solutions spécifiquement dédiés à la sûreté, diffuse des savoirs et des produits à la croisée des chemins des différents dangers. Ainsi, les systèmes de barriérage ou de clôture, les alarmes techniques, les dispositifs DATI, sont des produits mixtes qui couvrent à la fois les champs de la sécurité et de la sûreté.
J’ai pu constater sur place que les employeurs, dirigeants, donneurs d’ordre sont sensibilisés à la notion de responsabilité. En outre, ils viennent chercher des précisions sur la nouvelle réglementation. Enfin, derrière chaque visiteur ou professionnel se cache un citoyen avec une éthique et une conscience du risque participant à une certaine cohésion sociale. J’en appelle à la responsabilité citoyenne !