Roger BERTRAND - GROUPE ENTREPRISES EN SANTE (Québec) : La population adulte passe une bonne partie de sa vie sur le lieu de travail. C’est donc là qu’il faut agir en priorité !

La population adulte passe une bonne partie de sa vie sur le lieu de travail. C’est donc là qu’il faut agir en priorité !

|| Santé au travail / Conditions de travail
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27/04/2012
Roger BERTRAND - GROUPE ENTREPRISES EN SANTE (Québec)
Roger BERTRAND
Président du conseil d’administration
GROUPE ENTREPRISES EN SANTE (Québec)
Organisme sans but lucratif créé en 2004, le Groupe Entreprises en Santé soutient les entreprises dans l’intégration des meilleures pratiques de la santé globale au travail au Québec. Roger Bertrand, instigateur du groupe et de la norme du même nom, nous explique l’importance de la santé et de la sécurité au travail au Québec.



Organisme sans but lucratif créé en 2004, le Groupe Entreprises en Santé soutient les entreprises dans l’intégration des meilleures pratiques de la santé globale au travail au Québec. Roger Bertrand, instigateur du groupe et de la norme du même nom, nous explique l’importance de la santé et de la sécurité au travail au Québec.


Préventica : Parlez-nous de ce Groupe Entreprises Santé

Roger BERTRAND - C’est un organisme sans but lucratif qui a vu le jour en 2004. Il est à l’origine de la norme BNQ 9700-800 « Prévention, promotion et pratiques organisationnelles favorables à la santé en milieu de travail », également appelée « Entreprise en santé », développée par le Bureau de Normalisation du Québec. Cette norme a pour objectif de maintenir et d’améliorer durablement l’état de santé des travailleurs et la compétitivité des entreprises. Tel que le laisse entrevoir son intitulé, elle fait le lien entre santé au travail et développement durable, problématique mise à l’honneur cette année lors de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail.

Préventica - Le 28 avril célèbre chaque année la sécurité et la santé au travail. Que signifie cette journée au Québec ?
Roger BERTRAND - Concernant la Journée mondiale au Québec, l'Assemblée Nationale a décrété en 2010 cette date du 28 avril comme étant le Jour commémoratif des personnes décédées ou blessées au travail. Elle est surtout l’occasion d'honorer la mémoire des personnes qui sont décédées au travail. Elle se veut une incitation à la réflexion et à l'action pour éliminer les dangers, contrôler les risques présents dans nos milieux de travail et bâtir une culture de prévention.
Elle n’est donc pas consacrée spécifiquement « à la promotion de la sécurité et de la santé au travail (SST) dans une économie verte ».
Néanmoins, plusieurs événements SST d’envergure sont organisés en région au cours de ce printemps, notamment le Forum Santé et Sécurité au Travail (25 avril à Québec).

Prév. - Le Groupe Entreprises en Santé est-il mobilisé pour l’occasion ?
R.B. - Nous sommes mobilisés chaque jour de l’année, mais pas spécialement le 28 avril. Nous cautionnons bien entendu l’initiative : la Journée mondiale permet de mettre en lumière des initiatives du monde entier. De la même manière que notre démarche « entreprise en santé » est inspirante pour nombre de pays (la France notamment), nous avons aussi à apprendre des autres pour encore l’améliorer et mieux accompagner les entreprises.

Prév. La santé-sécurité au travail semble très intégrée dans le modèle économique québécois. Expliquez-nous.
R.B. - En effet, la santé et la sécurité au travail sont très enracinées dans le fonctionnement économique. La législation en la matière, bien que datant à l’origine de la fin des années ’70 est plutôt bien respectée dans les entreprises et mise à jour régulièrement.
Longtemps ministre responsable de la santé publique au Québec, je suis, pour ma part, convaincu que cette dernière doit être prise en compte très en amont. Or, la population adulte passe une bonne partie de sa vie sur le lieu de travail. C’est donc là qu’il faut agir en priorité ! C’est mon leitmotiv aujourd’hui, via le groupe Entreprise en Santé dont je suis co-fondateur. Et pour faire réagir les acteurs économiques, il faut penser la prévention en terme de rentabilité. Au Québec, les organisations publiques et privées, services sociaux, assurances, l’on bien compris. Le paritarisme est particulièrement puissant en matière de santé et sécurité du travail - la problématique est largement débattue lors de tables rondes réunissant patronat et représentants des salariés - on peut dire que les choses avancent en accord avec toutes les parties, mais selon une logique davantage de protection que de promotion-prévention. Tout de même, la sensibilisation sur l’axe promotion-prévention progresse bien, plusieurs centaines d’organisations ont entrepris une démarche structurée visant la santé globale, dont vingt-trois entreprises qui ont été déjà certifiées « Entreprises en Santé », la moitié au niveau Élite.

Prév. Cette norme « entreprises en santé » ne rejoint-elle pas la thématique de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail 2012 : « Promouvoir la sécurité et la santé dans une économie verte » ?
R.B. - Tout à fait. Et, à ce sujet, nous étions un peu en avance au Québec puisque l’an dernier, à l'invitation de l'Association française de normalisation (AFNOR), le BNQ (Bureau de normalisation du Québec) a présenté, à Bordeaux, dans le cadre de la Journée mondiale de la santé et la sécurité au travail, l’innovation que constituent cette norme et son application comme action concrète de développement durable au sein des organisations (sujet également abordé à Préventica Bordeaux en février 2012).
La norme « entreprise en santé » intègre, en effet, dans les pratiques de gestion des entreprises québécoises, plusieurs des principes de santé et de qualité de vie qui sont édictés dans la Loi sur le développement durable : recherche et accès équitable à une bonne santé et une meilleure qualité de vie des individus, participation/engagement (vision concertée du développement, des opinions et des choix éclairés favorables à la qualité de vie des communautés), acquisition continue des connaissances afin d’améliorer l’impact des décisions sur la qualité de vie (partage du savoir dans un esprit d’équité et de participation de la société civile), partage équitable des pouvoirs et responsabilités, action préventive vis-à-vis des risques connus (mesures d’atténuation et de corrections à la source), adoption du principe de précaution, internationalisation des coûts.
Ainsi, lorsque l’on agit pour améliorer la santé des salariés en entreprises selon les principes de la démarche « entreprise en santé », on a déjà fait la moitié du chemin vers le développement durable ! C’est un argument de poids au Québec où le développement durable et l’écologie sont une obligation réglementaire. Les organisations du secteur public, par exemple, doivent expliquer dans leur rapport annuel, les actions entreprises pour atteindre les objectifs fixés par la Loi sur le développement durable. C’est donc une préoccupation constante, partagée, qui plus est, par tous les Québécois, particulièrement sensibles à ces thématiques.