Alain BERGERET - CHU de Lyon : Les collaborateurs médecins, une nouveauté importante en médecine du travail

Les collaborateurs médecins, une nouveauté importante en médecine du travail

|| Santé au travail
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12/09/2013
Alain BERGERET - CHU de Lyon
Alain BERGERET
Responsable de la consultation de pathologies
CHU de Lyon
Spécialiste reconnu dans le domaine de la santé au travail, le Pr Alain Bergeret est également coordinateur interrégional Rhône-Alpes Auvergne des enseignements de santé au travail. Il fait un point pour nous sur les évolutions des services de santé au travail issus de la dernière réforme : la pluridisciplinarité, la formation des collaborateurs médecins…

Parlez-nous de ces nouvelles formations de collaborateurs médecins qui vont être ouvertes à la rentrée 2013 ?
La réforme des services de santé au travail de juillet 2011 a prévu une nouvelle voie pour la formation de médecins du travail à travers le statut de collaborateur médecin. Entre la publication de la réforme en 2011 et la modification du Code du travail en 2012 et compte tenu du temps nécessaire pour préparer cette nouvelle filière de formation, les premières promotions vont intégrer les universités à la rentrée 2013.

Comment va être organisée la formation de ces collaborateurs médecins ?
Les collaborateurs médecins sont tous déjà titulaires d’un diplôme de médecine généraliste ou avec une spécialité particulière. Cette formation va leur permettre de se reclasser en médecine du travail au terme d’un processus assez long. En effet, ces collaborateurs médecins devront bénéficier d’une embauche dans un service de santé au travail inter ou intraentreprise, ils y seront encadrés par un médecin du travail référent. Parallèlement ils suivront des modules de formation spécifiques à l’Université. A l’issue de quelques années d’exercice sous ce statut de collaborateur médecin, leur qualification en tant que médecin du travail pourra être validée par le Conseil de l’Ordre.

Par ailleurs, en quoi l’introduction de la pluridisciplinarité a-t-elle profondément réformé l’organisation des services de santé au travail ?
La pluridisciplinarité introduite par la réforme de la santé au travail a permis d’introduire dans les services de santé au travail d’autres profils et compétences que les seuls médecins du travail et personnels administratifs. Cela n’a pas été sans conséquence par rapport à une organisation qui n’avait pratiquement pas bougé depuis 1946.
D’une part les services de santé au travail se sont orientés beaucoup plus fortement vers une prévention globale, allant bien au-delà de la prévention médicale.
D’autre part, en ce qui concerne plus particulièrement l’arrivée des infirmiers (ères) en santé au travail, un certain nombre de règles, de procédures, je dirais même d’habitudes ont dû être revues.

Quel est le rôle particulier des infirmiers(ères) en santé au travail dans ce nouveau contexte ?
La modification du Code du travail a rendu obligatoire le recrutement d’infirmiers(ères) dans les services de santé au travail mais elle est restée relativement peu directive quant à leur rôle, leurs responsabilités et leur périmètre d’activités. Pour que la pluridisciplinarité fonctionne et que la complémentarité entre tous ces nouveaux acteurs de la santé au travail soit efficace, les services de santé au travail se doivent d’être très clairs sur les attributions de chacun. Cela implique aussi d’avoir bien préparé en interne cette nouvelle organisation et tout ceci dans un contexte consensuel. Cela n’a pas toujours été facile…
Par ailleurs, ces infirmiers (ères) ont été formés dans une logique de soins, et il faut donc qu’ils évoluent vers une logique de prévention. C’est pour répondre à ces besoins que nous avons créé un DIU (Diplôme Interuniversitaire) commun aux universités de Lyon, Grenoble, Saint Etienne et Clermont Ferrand.

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