Vincent Baud - Fondation Projet 41-21 : Projet 41-21 : une expérience de grande envergure pour améliorer la vie au travail

Projet 41-21 : une expérience de grande envergure pour améliorer la vie au travail

MANAGEMENT RH / QVT ||
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02/09/2024
Vincent Baud  - Fondation Projet 41-21
Vincent Baud
Président
Fondation Projet 41-21

Près de 1 000 entreprises sont invitées à participer au projet 41-21, expérience inédite de recherche à grande échelle plaçant l’écoute des salariés au cœur du processus. L’objectif est d’œuvrer collectivement et scientifiquement à l’élaboration d’une nouvelle organisation du travail qui profite autant aux collaborateurs qu’aux entreprises.

En quoi consiste le projet 41-21 ?
C’est un projet de recherche qui ambitionne d’engager 1 000 entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activités dans une démarche qui met l’écoute des travailleurs au cœur du management. La finalité est d'améliorer la façon dont ils vivent et font leur travail. Le nom provient de l’incontournable article du Code du Travail : « l’entreprise assure la sécurité et protège la santé physique et mentale des travailleurs ». L’idée, pour l’entreprise engagée, est d’évaluer les problèmes que peuvent avoir ses salariés, de chercher avec eux des solutions. Nos trois piliers sont : « Écouter, Évaluer, Agir » ensemble. Une fois ce travail avancé, nous pourrons en mesurer les effets sur trois niveaux : la santé physique et mentale des travailleurs ; la santé physique et mentale des dirigeants ; et enfin l’attractivité et la santé financière des entreprises.

Pourquoi axer le projet sur l’écoute des travailleurs ?
À la base, j’ai été ouvrier, puis chef d’équipe et directeur d’usine. Je me suis passionné pour l’écoute des travailleurs dans la recherche de la performance qu’on attendait de nous. J’ai découvert le monde de la santé au travail. On leur dit souvent quoi faire mais on écoute peu les travailleurs. Beaucoup trop de gens ont des problèmes d’équipement pour travailler, y compris numérique. D’autres ont des problèmes de charge, d’organisation ou de relations au travail. Certains ne parviennent plus à se projeter dans leur entreprise. Tout cela les blesse physiquement et mentalement, leur fait mal. On constate effectivement que la santé physique et mentale des travailleurs se dégrade. Selon Santé publique France, la souffrance psychique professionnelle a doublé entre 2007 et 2019. Selon la Dares, 800 000 accidents du travail par an entraînent un arrêt de travail et génèrent 40 000 handicaps. En parallèle, l’attractivité des entreprises se dégrade elle-aussi. En 2019, 71 % des employeurs disaient avoir du mal à recruter. La cause racine de tous ces maux, ce sont les conditions de travail. Il faut les améliorer, on n’a pas le choix. Mais pour cela, il faut impliquer les salariés dans ce renouveau.

Comment l’expérience se déroulera-t-elle concrètement ?
Il faut traiter la santé mentale comme l’on traite la santé physique. L’action sur les équipements de travail seuls ne suffit plus, il faut réfléchir à comment on organise le travail. Les entreprises qui prennent part à ce projet auront un référentiel à suivre. C'est une démarche opérationnelle pour y parvenir. Nos quatre grands principes sont : la gratuité du projet (aucun argent ne passe entre la Fondation Projet 41-21 et les entreprises, ndlr); la transparence (tout le monde pourra consulter en ligne les résultats, ndlr) ; le respect du dialogue social ainsi que le respect du référentiel. Ce dernier a été construit en collaboration avec de grands préventeurs pour emmener les entreprises vers une meilleure écoute des travailleurs. C’est universel, l’écoute sera toujours essentielle. 

Comment les entreprises participantes pourront s’approprier le référentiel ?
Ce mode d’emploi, structuré autour de nos piliers « Écouter, Évaluer, Agir », est constitué de blocs de compétence remplis d’exigences et d’objectifs précis ainsi que de bonnes pratiques associées (des conseils concrets organisationnels, ndlr) pour les mettre en place. Ces blocs se déclinent sur diverses thématiques : Écoute des salariés, des nouvelles recrues ; participation aux projets etc. Le chef d’équipe travaille dessus avec son équipe, le cadre avec son chef d’équipe, et le dirigeant avec ses cadres. Ce qui cimente les blocs, c’est l’envie d’intégrer une horizontalité à la façon de penser l’organisation du travail. Redonner des marges de manœuvre pour que les collaborateurs participent aux décisions qui les concernent. Nous voulons en finir avec le management uniquement descendant. Pour aider les entreprises participantes, nous avons lancé un appel à des préventeurs pour devenir des référents bénévoles qui accompagneront les entreprises. 80 se sont déjà manifesté, d’autres nous rejoindront.

Le monde du travail est-il sur la bonne voie selon vous ?
Il y a un changement culturel qui dépasse les entreprises. Avant, l’idée était de mettre sa vie personnelle au service de sa vie professionnelle pour ensuite en profiter plus tard. Aujourd’hui tout a changé. Des gens, nombreux, n’en ont en fait jamais profité. La jeune génération veut tout de suite protéger ses équilibres. Mais de façon générale, beaucoup de travailleurs ayant subi le Covid-19 ont réfléchi au sens de leur travail. Il y a eu une désaffection de nombreux métiers aux conditions de travail difficiles. Les attentes des salariés ont évolué. Le projet 41-21 est unique, une telle étude n’a jamais été menée. Mais nous sommes convaincus que c’est le bon moment pour la faire. L’entreprise d’aujourd’hui doit se construire avec les travailleurs. Il faut parler du travail, dans le travail, avec celles et ceux qui font le travail, pour le transformer.