Les salariés de plus en plus de réactifs aux allergènes

SANTE ET ENVIRONNEMENTS POLLUANTS || Risques chimiques / produits dangereux - CMR
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20/05/2011
Les allergies professionnelles, que l'on rencontre dans de nombreux secteurs d'activité, ne doivent pas être prises à la légère. Non traitées, elles vont s'aggraver et nuire aux compétences du salarié


Les allergies professionnelles, que l’on rencontre dans de nombreux secteurs d’activité, ne doivent pas être prises à la légère. Non traitées, elles vont s’aggraver et nuire aux compétences du salarié. À terme, elles peuvent le contraindre à changer d’activité.
Ces pathologies doivent être considérées et diagnostiquées par un spécialiste qui en estimera l’origine, la gravité et les méthodes de prévention possibles.

Plus de 350 agents présents sur le lieu de travail ont été identifiés comme allergènes, à des degrés différents : fortement sensibilisants (de très faibles niveaux d’exposition suffisent à déclencher l’allergie) ou moins sensibilisants (capables de déclencher des allergies à des niveaux d’exposition plus importants). Mais seule une 12aine d’entre eux provoque la majorité des allergies d’origine professionnelle. Une allergie peut avoir plusieurs origines : la seule exposition à un produit manipulé sur le lieu de travail, un contexte professionnel aggravé par le mode de vie du travailleur, issue d’un terrain sensible aux allergènes courants, mais exacerbée par le contact avec des substances irritantes utilisées au travail.

Les allergies se manifestent de diverses manières. On pense en premier lieu à des difficultés respiratoires pouvant aller de la simple rhinite ou toux jusqu’à l’essoufflement chronique voire à la crise d’asthme : 15 % des asthmes de l'adulte ont une cause professionnelle. Dans le BTP par exemple, certaines catégories de travailleurs, tels les peintres et les ouvriers du bois, sont particulièrement concernées par ce problème. Les métiers de la propreté et du nettoyage, les coiffeurs, les boulangers rencontrent des difficultés analogues du fait des produits qu’ils manipulent au quotidien.

Les allergies peuvent également être responsables de problèmes dermatologiques : le travail en extérieur, par grand froid ou forte chaleur, en zone humide, fragilise la peau (inflammation, irritation, réactions photoallergiques, dermatose allergique, eczéma…). Plusieurs métiers sont particulièrement exposés aux problèmes de peau de nature allergique : c’est notamment le cas de la coiffure. En effet, des centaines de produits chimiques, dont certains sont corrosifs, irritants, allergisants, entrent la composition des  shampoings, lotions, colorations, décolorations… L’exposition quotidienne à ces produits, détruit la barrière cutanée, augmente le risque d’allergie (au niveau de la peau, mais aussi des yeux et voies respiratoires). Un service de santé au travail de la Côte d’Or a réalisé une enquête auprès de professionnels de la coiffure et ainsi démontré que 41 % des employés des salons de coiffure ont des problèmes cutanés. Concernant le BTP, le chrome du ciment est la première cause d’eczéma allergique. Suivent les résines époxy, les acrylates, le cobalt, le thiuram (caoutchouc des gants et bottes) et autres produits solvants ou décapants, qui sont des substances très allergisantes.
D’autres secteurs connaissent des problèmes d’allergies cutanées récurrentes : la santé et les soins (désinfectants, détergents, caoutchouc des gants, certains médicaments), la chimie, la pharmacie, l’industrie des plastiques (agents chimiques divers), la métallurgie (huiles de coupe, colles), la boulangerie (farine, contaminants et additifs, fumées de cuisson, désinfectants, détergents, caoutchouc…), l’agriculture (pesticides, certains végétaux)…

 

Des allergies oculaires s’observent également sur le lieu de travail. Elles surviennent néanmoins de manière moins fréquente que les allergies respiratoires ou cutanées. La principale manifestation en est la conjonctivite et elle est généralement associée à des rhinites, parfois à une urticaire, un eczéma des paupières ou un asthme.
Elle a pour origine la présence dans l’atmosphère de travail d’un aérosol contenant des agents sensibilisants (poudre, brouillard, fumées) et entrant en contact avec les yeux.

Lorsque l’origine de l’allergie est confirmée par un spécialiste, il est nécessaire d’éviter le contact répété avec l’agent allergisant. Le poste de travail doit être adapté et des mesures correctives prises le plus tôt possible pour maintenir le salarié en santé. Ainsi, de nombreux salons de coiffure, dont les collaboratrices ont développé des allergies aux produits, ont pris la décision d’utiliser dorénavant des soins capillaires biologiques.
Bonne initiative lorsque l’on sait que l’ignorance des phénomènes allergiques augmente leur intensité dans le temps et peut contraindre le salarié à changer de métier. En outre, des conséquences beaucoup plus graves que de simples rhumes ou eczémas peuvent en découler : cancers professionnels, risques pour les femmes enceintes…

Pour en savoir plus :
- Dans le BTP :
http://www.preventionbtp.fr/sante/allergies_professionnelles_de_plus_en_plus_de_reactions
- Dans le secteur de la coiffure :
http://champagne-ardenne.france3.fr/
- L’INRS a consacré un dossier au sujet :
http://www.inrs.fr/htm/allergies_en_milieu_professionnel.html