Phtalates, parabènes et alkylphénols bientôt interdits ?

SANTE ET ENVIRONNEMENTS POLLUANTS || Risques chimiques / produits dangereux - CMR
/
12/05/2011
Le 13 juillet 2010, M. Yvan Lachaud déposait une proposition de loi visant à interdire phtalates, les parabènes et les alkylphénols


Le 13 juillet 2010, M. Yvan Lachaud déposait une proposition de loi visant à interdire phtalates, les parabènes et les alkylphénols. Celle-ci a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 3 mai 2011 contre l’avis du gouvernement.

Ces trois composants chimiques entrent dans la formulation de nombreux produits de consommation courante ou sont utilisés au moment de leur fabrication : jouet, tuyauteries, emballages, adhésifs, peintures, produits sanitaires et cosmétiques…
Suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, ils ne seraient pas sans conséquence sur l'augmentation des tumeurs du sein et la diminution de la fertilité masculine. Mais, si les phtalates sont nuisibles à haute dose, il n’existe en revanche aucune étude attestant scientifiquement de la dangerosité des parabènes et des alkylphénols.
Le texte a donc été présenté au nom du seul principe de précaution : selon lequel l’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque dans les domaines de l’environnement, de la santé ou de l’alimentation.

L’unique article de la proposition explique que « La fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols sont interdites ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne fait pas l’unanimité. Le ministère de l’Écologie considère « qu’une interdiction simple sans discrimination d'utilisation est excessive ». L’Union des Industries Chimiques (UIC)  dans un communiqué de presse du 3 mai ne comprend pas non plus l’adoption de ce texte, jugeant que « l’interdiction de familles entières de substances présentant des profils toxicologiques, des utilisations et donc des niveaux d’exposition très différents est un non-sens scientifique, technique et réglementaire ».
L’organisation professionnelle précise, en outre, que l’ANSES et l’INSERM mandatés par le gouvernement pour évaluer les risques des perturbateurs endocriniens (substances chimiques comprenant notamment les phtalates, parabènes et alkylphénols) n’ont pas encore rendu les résultats définitifs de leurs travaux. Une interdiction totale et uniforme de l’ensemble des phtalates, les parabènes et les alkylphénols paraît donc disproportionnée, compte tenu de leur grande diversité et de niveaux de risques contrastés.
Enfin, sur le plan de l'hygiène, de la santé et de la vie quotidienne, les phtalates sont utiles pour rendre certaines matières plastiques souples, les parabènes empêchent la prolifération de micro-organismes pathogènes dans les produits cosmétiques et pharmaceutiques et les dérivés d'alkyphénols sont utilisés comme émulsifiants. On ne peut aujourd’hui techniquement les substituer laissant présager quelques difficultés.

Pour plus d’infos sur ces substances :
http://www.anses.fr/index.htm