Istanbul 2011 : la santé au travail ne doit pas faire les frais de la crise économique

ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST
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20/09/2011
Le 19e Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail – le plus vaste rassemblement mondial d'experts de la santé et de la sécurité au travail (SST) – s’est ouvert le 11 septembre à Istanbul

Le 19e Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail – le plus vaste rassemblement mondial d'experts de la santé et de la sécurité au travail (SST) – s’est ouvert le 11 septembre à Istanbul.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’actualité, teintée d’incertitudes économiques, s’est invitée dans les débats. Preuve en est le message du propos introductif d’Assane Diop, directeur de la protection sociale à l'Organisation internationale du travail (OIT), organisateur de l’événement : « Il est inacceptable que la croissance économique et le développement puissent amener la résignation concernant la sécurité et la santé au travail, nous ne devons pas baisser la garde ».

Les quelques 3000 experts, chercheurs, représentants de gouvernements, organisations patronales et syndicales, réunis dans la capitale turque, se sont donné pour objectif d’observer les dernières tendances et enjeux de la santé et sécurité au travail et de poursuivre les engagements pris à Séoul en 2008 (18e Congrès). Parmi ceux-ci la reconnaissance d’un milieu de travail sûr et salubre comme droit humain fondamental.
Mais la crise économique qui a éclaté depuis cette date ne facilite pas les choses.

Des chiffres qui font peur :
Chaque année, on dénombre :

  • 6 300 décès liés au travail,
  • 317 millions de travailleurs blessés (soit 850 000 accidents de travail par jour entraînant un arrêt de 4 jours ou plus).

L’OIT, dans son rapport présenté lors du Congrès révèle que certes les accidents du travail diminuent, mais les maladies professionnelles mortelles sont en constante augmentation. Sur la période 2003 - 2008 :
- le nombre d’accidents mortels a baissé de 358 000 à 321 000 cas,
- le nombre des maladies mortelles est passé de 1,95 million à 2,02 millions.

Prévenir coûte moins cher que guérir
Si d’importants progrès ont été réalisés en matière de SST au cours des dernières décennies, le rapport de l’OIT observe que « la récession économique mondiale a eu un impact considérable sur la santé et la sécurité des travailleurs et sur leurs conditions de travail. S'il est trop tôt pour dire quels seront ses effets à long terme sur la fréquence des accidents et des maladies, les faits montrent que certains des progrès récents en terme de promotion de la SST sont anéantis parce que les entreprises luttent pour préserver leur productivité ».

Or, dans un contexte économique difficile pour les entreprises, les AT/MP coûtent plus cher que la prévention. C’est ce que révèle une étude pilote, menée par l’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) et présentée le 12 septembre à Istanbul : « l’investissement dans la sécurité et la santé joue un ‘rôle déterminant’ dans les performances économiques ». « Le ratio coût-bénéfices des investissements dans la prévention peut atteindre 2,2, voire plus pour les mesures directes comme les investissements dans les examens médicaux préventifs et les programmes de formation à la sécurité. » La Turquie, pays hébergeur, s’est par la voix de son premier ministre Recep Tayyip Erdogan, associée à ce constat en déclarant : « Notre objectif est d'être dans les dix premières économies du monde, nous avons créé 1,5 million d'emplois en un an, et nous devons considérer la sécurité et la santé au travail comme un outil pour la productivité, un atout pour l'économie. »

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