L’IRSN apporte un complément d’information sur l’exposition des travailleurs aux neutrons

SANTE ET ENVIRONNEMENTS POLLUANTS || Risques chimiques / produits dangereux - CMR
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10/01/2012
Cette récente note de l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN) fait suite à la publication de son « Bilan 2010 des expositions professionnelles aux rayonnements ionisants ».

 

Cette récente note de l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN) fait suite à la publication de son « Bilan 2010 des expositions professionnelles aux rayonnements ionisants ». Le rapport avait suscité de nombreuses réactions quant aux difficultés à déterminer les doses exactes dues aux neutrons reçues par les travailleurs des installations nucléaires.
L’organisme apporte aujourd’hui des éléments complémentaires pour mieux comprendre la problématique spécifique posée par l’exposition aux rayonnements ionisants et mieux protéger la santé des salariés soumis à une exposition aux neutrons.

Qui est exposé aux neutrons ?

10 % de l’effectif total des travailleurs sont exposés aux rayonnements ionisants :

  • Personnels de l’industrie nucléaire (notamment les ateliers de fabrication et de retraitement du combustible, dans les centrales nucléaires…),
  • Personnels intervenant pour la décontamination des châteaux de transport du combustible irradié,
  • Salariés du secteur de la médecine, de la recherche ou de l’industrie qui manipulent des accélérateurs de particules (dès lors que celles-ci ont une énergie élevée),
  • Personnels navigants : les neutrons qui constituent une part significative du rayonnement cosmique en altitude.

 

Des effets biologiques particuliers

La gamme d’énergie des neutrons auxquels peuvent être exposés les travailleurs est très étendue :  

  • de 1 meV (10-3 électron-volt2) à 100 MeV (108 électron-volt),
  • encore plus concernant le rayonnement cosmique.

Lorsqu’ils interagissent avec les matériaux de l’environnement ou la matière vivante, les neutrons créent, par interactions nucléaires, des particules secondaires diverses (ions, photons…) à l’origine des dépôts d’énergie dans les tissus.
Cette réaction est différente de celle des autres rayons, X par exemple :

  • rayons X : pour une dose donnée, ils produisent des effets biologiques identiques quelle que soit leur énergie
  • neutrons : produisent des effets biologiques plus importants que les autres et fortement dépendants de leur énergie (facteur 5 à 20 selon leur énergie).

 

La réglementation relative à la dosimétrie des neutrons a évolué

Avant l’année 2000, la dosimétrie des neutrons a le statut de « dosimétrie complémentaire » par rapport à celle des photons X et gamma, obligatoire pour tous les travailleurs exposés.
Les doses de neutrons sont alors comptabilisées dans la « dose corps entier » (= dose absorbée sous 3 mm de tissu due aux photons - X, gamma - et aux neutrons).

2001 : les valeurs de dose pour les rayonnements photoniques et pour les neutrons commencent à être comptabilisées séparément.

Le décret 2003/296 relatif à la protection des travailleurs donne à la dosimétrie des neutrons un statut égal à celui de la dosimétrie des photons.

Le suivi des travailleurs exposés aux neutrons en 2011

Aujourd’hui, le suivi dosimétrique individuel passif de l’exposition aux neutrons est assuré, conformément à la réglementation, pour tous les travailleurs indépendamment de leur statut d’emploi, dès lors que l’étude du poste de travail met en évidence un risque d’exposition à ces particules :

  • par des détecteurs solides de traces (dosimètres fournis par LANDAUER EUROPE, le Service de Protection Radiologique des Armées et l’IRSN),
  • par des dosimètres thermoluminescents à albédo (dosimètres fournis par AREVA NC).

Par ailleurs, les travailleurs doivent être équipés d’un dosimètre opérationnel (électronique) lors de toute intervention en zone contrôlée.

Le système d’information SISERI8, géré par l’IRSN, centralise la traçabilité de tous les résultats du suivi dosimétrique de chaque travailleur.   

Aujourd’hui, le système est globalement effectif même s’il subsiste encore quelques lacunes (transmission des résultats de l’exposition aux neutrons des travailleurs chez EDF notamment. Le problème sera résolu en 2012).

 

Plus d’infos :
La note de l'IRSN [PDF]