Etude statistique sectorielle

MANAGEMENT RH / QVT || Bien-être
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06/10/2011
Aujourd’hui, nous ouvrons nos colonnes à Victor Waknine, Fondateur et Associé gérant du Cabinet Mozart Consulting. Il vient de publier la première étude statistique sectorielle sur le bien-être/mal-être au travail présentant l’IBET (Indice de Bien-Etre au


Le Cabinet Mozart Consulting vient de publier la première étude statistique sectorielle sur le bien-être/mal-être au travail présentant l’IBET (Indice de Bien-Etre au Travail) sectoriel 2009. Son fondateur et associé gérant Victor Waknine, en explique la méthodologie, les objectifs et les résultats.
Il revient également sur les bénéfices et les déploiements de l’IBET.

Propos recueillis par le site www.alloboulotbobo.fr


Allo Boulot Bobo : Victor Waknine, pourriez-vous dans un premier temps nous préciser la méthodologie de cette étude et ses objectifs ?


Victor Waknine : La méthodologie générale utilisée est basée sur des taux et indicateurs qui traduisent une dégradation objective de la performance opérationnelle des entreprises et organisations générée par les coûts cachés de mal-être au travail relatif : à l’absentéisme pour maladie ordinaire, aux accidents du travail et de trajet, aux maladies professionnelles et aux sorties forcées de personnel.

La méthodologie est issue de la relation entre l’ordre et le désordre : l’ordre et le désordre ne font qu’un. Dans un premier temps, nous avons donc calculé les taux de mal-être au travail (TMETs) pour en déduire l’IBET. Ainsi, le bien-être et le mal-être au travail peuvent être reliés par cette relation : IBET = 1 - ΣTMETs

Cette étude sectorielle est établie sur les données statistiques 2009 publiées par des organismes officiels. Il s’agit de la DARES pour les mouvements de main d’œuvre et de la CNAMTS pour les accidents de travail, les maladies professionnelles et les accidents de trajet.

Pour l’absentéisme, il n’existe, à ce jour, aucun organisme public qui fournisse des statistiques nationales. J’ai donc opté pour les publications d’Alma Consulting qui est une référence nationale en matière d’absentéisme auprès des DRH depuis 2008 (échantillon de 200 entités de toutes tailles représentant plus de 400 000 salariés des secteurs privés et publics).

Pour le calcul des Taux de mal-être au travail (TMETs), nous avons suivi les recommandations du contrôle de gestion socio-économique documenté par l’ISEOR de l’Université Jean Moulin de Lyon, et avons appliqué un coefficient de désorganisation pour les coûts cachés de 2 sur les activités de transformation et de 2,5 pour les activités tertiaires.

Les objectifs de cette étude sont multiples. Tout d’abord nous souhaitons alerter les directions sur le niveau des dégradations socio-économiques dû au mal-être au travail impactant leur performance opérationnelle.

Cette étude, basée sur les données internes de l’entreprise, constitue un éclairage primordial pour les organisations encore dans le déni et dans le manque de transparence vis-à-vis de leurs parties prenantes internes et de leur gouvernance.

Enfin, le calcul de l’IBET et des TMETs est un préalable aux diverses démarches de mise en conformité pour la RSE et la prévention des risques psychosociaux (RPS).


Allo Boulot Bobo : Pouvez-vous nous indiquer quelles sont les principales conclusions de cette étude statistique sectorielle sur le bien-être/mal-être au travail ?


Victor Waknine : Cette étude révèle un Indice de Bien-être au Travail (IBET©) sectoriel global 2009 de 0,77. Cela signifie une dégradation de 23 % de la performance opérationnelle ainsi qu’un climat socio-organisationnel « Contraint » des entreprises et organisations. Dans le détail, nous constatons que les secteurs « Industrie » et « Filière Agroalimentaire » se distinguent par leur IBET supérieur à 0,80. À l’inverse,(virgule) les activités tertiaires sont les plus dégradées par leur TMET (Taux de Mal-Etre au Travail) en particulier pour les sorties forcées.

Il apparait très clairement que le secteur de l’industrie fixe l’emploi et favorise le bien-être au travail. Il obtient un IBET maximum de 0,86 qui traduit un climat socio-organisationnel situé en « Bonne pratique ». Il est donc urgent de rééquilibrer ce secteur par rapport aux activités de services en limitant les délocalisations et en favorisant l’investissement dans de nouvelles filières industrielles

L’IBET minimum à 0,74 au niveau « Dégradé » n’est atteint que par le secteur tertiaire T2 des services de santé, hygiène, logistique et services aux entreprises.


Allo Boulot Bobo : Que signifie les niveaux de baromètre « Contraint » et « Dégradé » ?

Victor Waknine : Le niveau « Contraint » indique très clairement une alerte socio-organisationnelle (l’entreprise détruit 20 à 25 % de sa performance opérationnelle). C’est un signal fort que l’organisation, le contenu et les relations de travail sont tendus. Nous invitons ces organisations à analyser finement les taux de dégradations en impliquant les parties prenantes dans la démarche.

Le niveau « Dégradé » : ce niveau est atteint pour une dégradation de la performance pouvant aller jusqu’à 30 % ce qui est considérable.

De 2 choses l’une, soit la direction n’a rien vu venir et il est urgent de créer un comité pilote avec le CHSCT et les IRP pour mettre en place un diagnostic qualitatif et quantitatif du climat socio-organisationnel.

Soit une démarche de prévention des RPS a déjà été lancée et l’IBET et lesTMETs vont permettre de quantifier les sources socio-organisationnelles des facteurs de risque.


Allo Boulot  Bobo : Quels sont les applications et les bénéfices de l’IBET

Victor Waknine : Comme je l’ai dit précédemment, l’IBET est un préalable aux diverses démarches de mise en conformité pour la RSE et la prévention des Risques Psycho-Sociaux (RPS).

En effet, il constitue une méta-mesure permettant un dispositif d’alerte, d’Audit et d’Evaluation pour la prévention en santé globale ; il peut être intégré au tableau de pilotage de la Performance RH de l’entreprise (KPI Key Performance Indicator) et il permet l’objectivation de Politiques de RSE et d’Investissement Socialement Responsable.

Il peut également s’appliquer dans les scénarios suivants :

  • Audit de performance sociale pour les opérations de fusion/acquisition
  • Un label entreprise en bien-être au travail pour les collectivités locales
  • Fonds d’indemnisation public/privé dont l’assiette serait basée sur des indicateurs de mal être au travail

Les bénéfices de son application sont donc multiples :

    • Améliorer sa performance globale par plus de : motivation, confiance et engagement de tous
    • Attirer et fidéliser les talents par une image de performance économique, éthique et sociale
    • Améliorer le climat social par le management de la qualité de vie au travail
    • Réduire les coûts cachés du mal-être au travail
    • Libérer la confiance issue des règles et conventions établies avec les parties prenantes internes
    • Engager les parties prenantes dans une conduite collaborative du changement et des processus opérationnels tels que le Lean Management


Allo Boulot Bobo : Quels sont les déploiements possibles de l’IBET ?

Victor Waknine : L’IBET sectoriel ne constitue qu’une étape dans le déploiement de cet indice socio-économique. Il s’agit avant tout d’une référence nationale qui permet aux entreprises et organisations de se situer sur le baromètre du climat socio-organisationnel.

La deuxième étape est l’appropriation par les entreprises de l’IBET dit « composite ». Il s’agit de calculer son propre IBET sur la base des données sociales internes de l’organisation. L’IBET « composite » permet ainsi un benchmark avec l’IBET sectoriel. Nous avons d’ailleurs prévu une publication sur l’IBET composite des entreprises du CAC40 d’ici la fin de l’année.

Enfin, le déploiement final est l’IBET « spécifique » de l’établissement qui est défini à partir  des Indicateurs de Mal Etre au Travail (IMETs) correspondant aux taux de référence et de 2 autres IMETs partagés avec les parties prenantes internes : l’Indicateur des mesures de soutien (Ims) et l’Indicateur de désengagement déclaré (Idd). Il s’agit d’un réel travail de co-production en interne qui permet des comparaisons entre Unité de travail et établissements pour la mesure des KPI de performance RH.

Aujourd’hui, après 3 ans de recherche et de développement, nous sommes très heureux de constater l’engouement qu’à suscité l’IBET et ses applications.

Nous avons comptabilisé plus de 850 téléchargements de la méthodologie sur internet proposée en Open Consulting, une trentaine d’applications en entreprise et une vingtaine de projet avec des universités et des écoles, dont l’ESCIA (l’Ecole supérieure en comptabilité, gestion, finance (ESCIA) de la CCI Versailles Yvelines/Val d’Oise) qui a utilisé l’IBET comme sujet d’étude pour la promotion Contrôle de gestion 2010/2011.

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